Naufrage dans la Manche : "Le passeur est le bouc émissaire", selon Utopia 56 qui appelle la France à changer de politique migratoire

Au moins 12 personnes migrantes sont mortes en tentant de rallier l'Angleterre, au large de Boulogne-sur-Mer, mardi.
Article rédigé par franceinfo
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Les pompiers portent secours aux rescapés du naufrage mortel d'un bateau transportant des personnes migrantes entre la France et le Royaume-Uni, le 3 septembre 2024. (BERNARD BARRON / AFP)

C'est le naufrage le plus meurtrier depuis le début de l'année. "On peut toujours mettre ça sur le dos des passeurs criminels et c'est ce qui bien sûr va se passer", regrette Yann Manzi, cofondateur d'Utopia 56, invité de franceinfo mardi 3 septembre. Au moins 12 personnes sont mortes au large du Pas-de-Calais, lors du naufrage d'un bateau tentant la traversée vers le Royaume-Uni, selon un bilan provisoire annoncé par Gérald Darmanin, le ministre démissionnaire de l'Intérieur. L'association qui aide les étrangers en situation irrégulière et les réfugiés estime que le passeur est "un bouc émissaire" et appelle la France et l'Union européenne à cesser leur "politique morbide".

Mardi en fin de matinée, une embarcation avec à son bord environ 70 personnes migrantes qui tentaient de rejoindre le Royaume-Uni s'est retrouvée en difficulté au large du cap Gris Nez, près de Wimereux, dans le Pas-de-Calais. "65 naufragés ont été secourus", parmi eux "12 personnes sont décédées", a indiqué la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, dans un bilan humain provisoire publié à 15h30. Gérald Darmanin, a fait aussi état de "deux disparus et plusieurs blessés", dans une publication sur X. Le ministre est attendu au port de Boulogne-sur-Mer, mardi, pour rencontrer "élus et secours".

"Pourquoi ces morts ?"

Au total, depuis début janvier, 25 personnes ont perdu la vie lors de ces traversées entre la France et le Royaume-Uni. "Comment se fait-il qu'après tous ces drames répétés, des routes sûres ne soient pas mises en place pour toutes ces populations exilées ?", s'interroge Yann Manzi, qui dénonce des "politiques de répression qui ne marchent pas" en France et dans l'Union européenne. Les équipes d'Utopia 56 sont "abattues par ce qui se passe", affirme le cofondateur de l'association.

Après sa rencontre avec les élus et les secours à Boulogne-sur-Mer, Gérald Darmanin va s'exprimer sur ce naufrage mortel. Yann Manzi affirme connaître déjà le discours du ministre démissionnaire de l'Intérieur : "On peut toujours mettre ça sur le dos des passeurs criminels et c'est ce que va venir faire M. Darmanin. Nous, nous disons tout simplement : à qui et pourquoi ces morts ? Quelle est cette politique française et européenne qui continue sur nos rivages, que ce soit en France, en Méditerranée ou dans le désert, et qui a tué des dizaines de milliers de personnes ? Elle est morbide."

"Plus de 21 000 personnes sont passées" en 2024

Un peu plus tôt mardi sur l'antenne de franceinfo, le maire de Wimereux, Jean-Luc Dubaële, s'était dit "en colère". Il a tenu à dénoncer "un réseau de passeurs criminels". "Le passeur est le bouc émissaire de toute cette histoire", répond Yann Manzi. "À qui profite le crime ? Et quelles sont ces politiques de non-accueil que nous avons mis en place pour vivre ce que nous vivons aujourd'hui ?", dénonce le cofondateur d'Utopia 56.

En se basant sur les chiffres de l'association, Yann Manzi dénombre "plus de 21 000 personnes" qui "sont passées" en 2024 par cette route maritime dangereuse qu'est la Manche, séparant la France du Royaume-Uni. "On a dépassé les chiffres de l'année dernière [...] malgré plus de 200 millions d'euros mis en place cette année pour faire en sorte que cela ne se passe plus, cela continue". Utopia 56 appelle la France et l'Union européenne à changer de politique et à proposer des routes sûres pour ces "gens qui fuient l'Iran, qui fuient l'Irak, des Kurdes, des Soudanais, des Érythréens... des réfugiés [...] qui ont un statut international qui doit les protéger."

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