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Mineurs étrangers isolés : "Nous tirons la sonnette d'alarme depuis des mois", affirme le président de Seine-Saint-Denis

Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, a expliqué lundi sur franceinfo que les départements ne sont "plus en mesure de faire un travail de qualité" dans l'accueil des mineurs étrangers isolés.

Article rédigé par franceinfo
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Des mineurs isolés, en provenance essentiellement de l'Afrique de l'Ouest, sont hébergés pour la nuit dans l'église des Augustins de Marseille (Bouches-du-Rhône), le 21 novembre 2017. (MAXPPP)

Près de 25 000 mineurs isolés sont arrivés en France en 2017. La majorité d'entre eux sont pris en charge par les départements qui se disent débordés. Ils estiment ne plus avoir les moyens de les accueillir convenablement. "Il est temps que le gouvernement tranche, décide, arbitre et aide les départements", a déclaré lundi 12 mars sur franceinfo Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, alors que Matignon reçoit une délégation de l'Assemblée des départements de France (ADF) pour travailler à la future réforme sur la prise en charge de ces mineurs étrangers isolés sur le territoire français. 

franceinfo : Quelle est la situation dans votre département ?

Stéphane Troussel : Quand les mineurs étrangers isolés arrivent sur nos territoires, nous voulons faire un travail de qualité. Ils doivent être protégés. La France a pris des engagements internationaux. Elle a signé la Convention internationale des droits de l'enfant. Compte tenu de ce nombre de plus en plus important, des conditions de plus en plus difficiles qu'ils rencontrent, nous ne sommes plus en mesure de faire un travail de qualité. Nous tirons la sonnette d'alarme depuis des mois. Il est temps que le gouvernement tranche, décide, arbitre et aide les départements à continuer à faire ce travail de qualité.

Est-ce qu'il y a des enfants à la rue en Seine-Saint-Denis ?

La prise en charge des mineurs isolés étrangers se décompose en plusieurs phases. C'est à la fois une phase d'évaluation et de mise à l'abri. C'est une période où il faut comprendre leur parcours, évaluer leur minorité, évaluer leur isolement en France. À l'issu de cette période, qui est de plus en plus longue et de plus en plus complexe, ils sont hébergés. Mais, comme ils sont de plus en plus nombreux et que cette période est de plus en plus longue, pour les départements c'est de plus en plus difficile d'assumer cette phase-là. Il faut recourir à des structures d'hébergement, mais aussi à des nuitées d'hôtel. Ce n'est pas satisfaisant. Certains d'entre eux sont très jeunes. Nous demandons depuis des mois que cette période d'évaluation et de mise à l'abri, sur laquelle nous somme beaucoup trop démunis, soit totalement prise en charge par l'État à la fois financièrement, mais pourquoi pas une prise en charge directe.

Préférez-vous l'augmentation de la participation financière de l'État avec des compétences inchangées ou un transfert de compétences des départements vers l'État ?

Ces deux scénarios sont meilleurs que le statu quo actuel qui est intenable pour les départements. Cela crée de plus en plus d'inégalités entre les territoires, abîme l'idée de solidarité nationale et solidarité internationale, ainsi que les valeurs que notre pays prétend défendre. Toute évolution sera la bienvenue. Je ne veux pas d'une demi-mesure. Je préférerais que la phase d'évaluation et de mise à l'abri soit totalement, à la fois dans ses aspects juridiques et financiers, repris en charge par l'État pour nous permettre de nous concentrer sur le travail éducatif de qualité (...) C'est du statu quo actuel qu'il faut sortir.

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