Mort de migrants dans la Manche : 5 militaires du Cross mis en examen pour non-assistance à personne en danger
Cinq militaires du Cross, le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage Gris Nez (Pas-de-Calais), ont été mis en examen jeudi 25 mai pour non-assistance à personne en danger dans l'enquête sur le naufrage dans la Manche d'un bateau le 24 novembre 2021 et la mort de 27 migrants qui tentaient de rejoindre les côtes britanniques depuis la France. Ils ont été laissés libres sans contrôle judiciaire, a appris franceinfo de source judiciaire.
>> Naufrage du 24 novembre dans la Manche : les secours français avaient bien été alertés
Quatre autres personnes avaient été placées en garde à vue, mais relâchées sans poursuites à ce stade. Trois juges d'instruction de la Junalco (la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) du tribunal judiciaire de Paris sont chargés de l'enquête.
18 appels aux secours
Dans la nuit du 23 au 24 novembre 2021, les migrants de cette embarcation en difficulté ont appelé ou tenté d'appeler à 18 reprises les secours français. Ils ont composé soit le 196, le numéro du Cross qui dépend de la préfecture maritime, soit le 112, le numéro du Samu qui transfère ensuite les appels au Cross. À six reprises, les migrants en détresse ont envoyé leur géolocalisation au Cross, selon le compte-rendu du premier appel.
À 3h31 cette nuit-là, un migrant appelle à nouveau le Cross alors que leur canot continue de dériver. "Au secours, je suis dans l'eau", dit-iil, maisl'opératrice rétorque qu'il se trouve dans les eaux anglaises. "Non, françaises", poursuit l'homme au bout du fil qui implore : "Pouvez-vous venir vite s'il vous plaît ?" L'opératrice répond : "Attendez, je vous confie aux gardes-côtes anglais". La conversation coupe et on entend l'opératrice en aparté : "Ah, ben si t'entends pas, tu seras pas sauvé." 27 migrants âgés de 7 à 46 ans ont péri dans le naufrage de leur bateau pneumatique. Deux passagers seulement, un Kurde irakien et un Soudanais, avaient pu être secourus.
La défense du Cross
Le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage assure avoir contacté à plusieurs reprises les gardes-côtes britanniques. Le Cross pointe un manque de moyens et la nécessité de "prioriser" les interventions alors que 40 embarcations avaient tenté de rejoindre les côtes anglaises cette nuit-là. Une enquête est également en cours outre-Manche sur la gestion de drame qui a provoqué de fortes tensions entre Londres et Paris aboutissant à un accord pour renforcer la coopération entre les deux pays. Et ce alors que le nombre de candidats la traversée ne cesse d'augmenter. 46 000 en 2022, en majorité des Afghans, des Iraniens et des Albanais.
En juillet 2022, 10 personnes soupçonnées d'être impliquées dans une filière d'immigration clandestine liée à ce dossier ont déjà été mises en examen. Selon une source proche de l'enquête, ces individus sont soupçonnés d'être les passeurs, les chauffeurs et les logeurs notamment d'une filière afghane d'immigration clandestine, liée dans l'affrètement de l'embarcation de fortune, qui a sombré dans la Manche.
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