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Migrants à Paris : on vous résume la polémique entre Gérard Collomb et Anne Hidalgo

Plus de 2 300 migrants vivent dans des conditions alarmantes dans la capitale, ce qui donne lieu à une guéguerre entre le ministre de l'Intérieur et la maire socialiste sur fond de rivalité en vue des prochaines municipales.

Article rédigé par franceinfo, Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des tentes de migrants, le long du canal Saint-Martin à paris, le 14 avril 2018. (ALPHACIT NEWIM / CROWDSPARK)

Anne Hidalgo et Gérard Collomb s'affrontent par communiqués interposés. Depuis plusieurs jours, la maire de Paris et le ministre de l'Intérieur se renvoient la responsabilité de la gestion des camps de migrants installés dans la capitale. On vous résume la polémique.

Quelle est la situation exacte dans la capitale ?

Actuellement plus de 2 300 personnes seraient installées dans des campements à Paris, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Parmi elles, plus de 1 500 seraient regroupées dans le seul campement dit "du Millénaire", porte de la Villette, dans le 19e arrondissement. Un deuxième camp se situe du côté des rives du canal Saint-Martin et un troisième sur un nœud autoroutier, à la sortie de la porte de la Chapelle.

Les conditions d'hygiène et de misère de ces lieux ont été dénoncées par de nombreux observateurs. Ces migrants "vivent dans une situation absolument abominable", avait condamné le 12 mai sur franceinfo Pierre Henry, directeur général de France Terre d’Asile.

Quand 1 600 personnes vivent dans une situation de promiscuité totale, sur 400 m² avec un seul point d'eau et trois latrines, évidemment, cela ressemble fort à un chaos.

Pierre Henry

sur franceinfo

Le 17 mai, une quarantaine d'associations avait lancé une pétition appelant l'Etat à agir "d'urgence" pour éviter des drames. Une semaine plus tôt, deux noyades non loin des camps avaient été recensées, rapportait France Bleu.

A qui incombent les responsabilités ?

Depuis plusieurs mois, la mairie de Paris et le ministère de l'Intérieur se rejettent la responsabilité. D'un côté, le ministère de l'Intérieur dit ne pas avoir reçu de la part des élus parisiens une demande formelle d'évacuation, ce qui entraînerait de facto un contrôle du droit au séjour des migrants, pouvant déboucher sur des expulsions. Le ministre Gérard Collomb a dénoncé, mercredi 23 mai, une "carence" de la ville, et dit avoir demandé à la préfecture "de concevoir les modalités d’une opération d’évacuation, à mener dans un bref délai".

Cette situation se répétera indéfiniment si des mesures ne sont pas prises par les autorités locales pour éviter que les campements ne se reconstituent.

Gérard Collomb

dans un communiqué

De l'autre côté, la mairie de Paris répond qu'"il ne s'agit pas pour la ville de demander l'expulsion", ce qui n'a pas été nécessaire jusqu'ici, mais "pour l'État de prendre en charge" ces migrants. Le 11 mai, Anne Hidalgo a écrit au Premier ministre en ce sens. "Ça fait des semaines que nous demandons une opération de mise à l'abri", abonde Ian Brossat sur franceinfo. L'adjoint à la mairie de Paris en charge du logement, de l'habitat durable et de l'hébergement d'urgence précise que "la mise à l'abri, c'est une compétence de l'État". "C'est l'État qui a la charge d'assurer à toute personne sans-abri et en situation de détresse médicale, psychique ou sociale un hébergement d’urgence", avait noté le Conseil d'Etat, dans une décision en juillet 2016.

Pourquoi l'affaire est-elle si politisée ?

Ces échanges houleux entre Beauvau et la ville revêtent une dimension plus politique, à moins de deux ans des élections municipales. Selon RTL, Gérard Collomb aurait confié à ses proches vouloir "faire un peu durer la situation autour des tentes de migrants sur les quais parisiens" dans le but d'embarrasser Anne Hidalgo. La maire de Paris pourrait en effet être concurrencée, en 2020, par un candidat issu de la majorité présidentielle.

Benjamin Griveaux, dont le nom est évoqué pour représenter La République en marche, a ainsi critiqué jeudi la gestion de sa potentielle rivale. "Elle n'a pas pris la responsabilité politique de demander l'évacuation, a expliqué le porte-parole du gouvernement sur Europe 1. Faisons en sorte en travaillant, non pas sur de l'idéologie mais de manière très pratique pour le quotidien des Parisiens, que l'Etat et la mairie de Paris travaillent ensemble pour éviter une 36e mise à l'abri." "Des éléments de langage", a dénoncé sur Twitter Colombe Brossel, adjointe à la maire de Paris.

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