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Manche : une semaine après avoir sauvé la vie de plusieurs migrants, des marins-pêcheurs toujours abasourdis

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Manche : une semaine après avoir sauvé la vie de plusieurs migrants, des marins-pêcheurs toujours abasourdis
Manche : une semaine après avoir sauvé la vie de plusieurs migrants, des marins-pêcheurs toujours abasourdis Manche : une semaine après avoir sauvé la vie de plusieurs migrants, des marins-pêcheurs toujours abasourdis (France 3)
Article rédigé par France 3 - M.Schekcher, S.Gurak, V.Biville, F.Blancquart
France Télévisions

Dans le Boulonnais, des marins-pêcheurs ont été appelés à secourir en urgence des migrants dans le détroit du Pas-de-Calais, jeudi 12 août. Ils sont parvenus à sauver cinq hommes de la noyade, mais un est mort. Tous restent aujourd'hui profondément marqués. 

"On leur a lancé des filins, puis mon gars s'est mis à l'extérieur du bateau sur l'échelle et les a récupérés dans l'eau", raconte Nicolas Margollé, capitaine du chalutier Nicolas Jérémy. Jeudi 12 août, à 9h30, la surveillance du détroit alerte les marins-pêcheurs d'une quarantaine de migrants en détresse. Un cargo les a repérés au large de Dunkerque (Nord), et il faut intervenir en urgence avant l'arrivée des secours. "En arrivant sur le radeau (…) on s'est rendu compte que 200 mètres plus loin il y avait trois, quatre personnes à l'eau", se souvient Nicolas. Ces dernières sont trop faibles pour s'accrocher aux filins. Un membre de l'équipage descend alors par l'échelle de pilote, pour "les prendre à bras le corps"

Un nouveau mort dans la Manche 

"Tant bien que mal j'ai réussi à les soulever, je suis passé en-dessous d'eux pour les asseoir en-dessous de mon épaule, et puis j'ai grimpé comme je pouvais", raconte Freddy Delattre. "Ça m'a beaucoup touché, confie ce dernier. C'est le fait de les avoir pris contre moi, ils n'avaient pas la force de m'attraper. J'en parle pas, mais c'est vrai que ça fait super drôle." L'équipage a sauvé quatre hommes. 

Son partenaire de pêche, le Notre-Dame de Boulogne, est arrivé trop tard pour un autre naufragé, déjà mort à son arrivée. Il a toutefois pu en secourir un autre. "On lui a apporté [une] couverture chaude, tout ce qu'on pouvait, des vêtements pour qu'il puisse se changer, pour pas qu'il reste nu, (…) pour qu'il retrouve sa dignité, tout simplement", explique Jean-Michel Fournier, le capitaine du chalutier. Ce dernier est encore sous le choc. "Après avoir été confrontés à ça, on se dit : 'Merde, la politique faut qu'elle bouge, faut qu'elle trouve des solutions, parce que c'est pas logique qu'on laisse des êtres humains (...)'", ajoute-t-il. Une semaine après, les marins-pêcheurs sont toujours très marqués par leur premier sauvetage. En 2020, neuf exilés en perdu la vie en tentant la traversée vers l'Angleterre. 

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