Les migrants en Grèce "ont un besoin urgent de protection internationale" estime Lola Schulmann d'Amnesty International France
La chargée de plaidoyer sur les questions de réfugiés et migrants à Amnesty International France appelle à une "solidarité européenne entre l'ensemble des États membres" pour répartir les 1 300 demandeurs d'asile arrivés entre dimanche et lundi matin en Grèce.
"Ce ne sont pas nos frontières qu'on veut protéger, mais les personnes qui ont un besoin urgent de protection internationale", assure Lola Schulmann, chargée de plaidoyer sur les questions de réfugiés et migrants à Amnesty International France. Elle réagit sur francinfo lundi 2 mars à l'arrivée de migrants à Lesbos en Grèce depuis la Turquie. Pour elle, les personnalités politiques de toute l'Europe doivent agir. "On attend d'eux de la responsabilité, de la solidarité et surtout de mettre au cœur de leur politique le droit international et notamment le droit d'asile", estime-t-elle.
franceinfo : que demandez-vous aujourd'hui avec Amnesty International ?
Lola Schulmann : Aujourd'hui, ce qu'on constate au niveau d'Amnesty, c'est bien sûr la condamnation des violences. On demande qu'il n'y ait pas cet usage de la force contre les réfugiés qui sont aujourd'hui à la frontière. Ce qu'on aimerait mettre en avant, c'est le fait de dire que ce ne sont pas les frontières qu'on doit protéger. On entend beaucoup de responsables politiques et même le président de la République française dire qu'il faut protéger les frontières. Mais ce ne sont pas les frontières qu'on doit protéger, mais bien les personnes qui se retrouvent à notre frontière en Europe et qui ont besoin de pouvoir déposer une demande d'asile, d'être protégées. C'est cette question du droit international et le droit d'asile qui doit être mis en avant, et non pas la protection de nos frontières.
ce qu'on demande, c'est aussi le respect du droit international
Lola Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty International
Selon vous, les migrants sont-ils utilisés comme un instrument politique ou en tous cas comme monnaie d'échange dans un grand jeu diplomatique ?
Tout à fait. On voit bien que ces personnes, qui sont en quête d'asile, sont utilisées comme une monnaie d'échange dans un jeu politique. Ce sont des conséquences qui étaient prévisibles puisque ce n'est pas quelque chose de nouveau, ce qui se passe aujourd'hui en Grèce ou ce qui se passe à la frontière entre la Grèce et la Turquie. Tout d'un coup, ces personnes sont visibles puisqu'elles sont nombreuses aux frontières, même s'il faut faire très attention aux chiffres et au nombre de personnes qui s'y trouvent. Tout d'un coup, cette invisibilité devient visible et l'Europe panique et chaque État membre réagit à sa manière. Il n'y a aucune solidarité européenne et aujourd'hui, ce qu'on demande, c'est aussi le respect du droit international. Le fait que ces personnes puissent accéder au territoire européen et puissent déposer une demande d'asile.
Concrètement, quelles seraient les mesures à prendre ?
Les mesures à prendre, c'est déjà de faire que les personnes puissent atteindre le sol européen et ne soient pas bloquées entre la Grèce et la Turquie, comme c'est le cas actuellement. Pouvoir atteindre par des voies sûres et légales le territoire européen. Pouvoir déposer une demande d'asile qui puisse être étudiée, individualisée. Il faut une solidarité européenne entre l'ensemble des États membres qui doivent aussi pouvoir répartir ces personnes. Il faut que les personnes puissent être protégées et voir leur demande d'asile examinée dans des conditions qui le permettent réellement.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.