Face aux "lois et politiques italiennes", Médecins sans frontières met fin à ses opérations de secours aux migrants en Méditerranée centrale

Le navire humanitaire de l'ONG a fait l'objet au cours des deux dernières années de "quatre sanctions de la part des autorités italiennes, imposant un total de 160 jours d'immobilisation au port", déplore MSF vendredi.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le "Geo Barents", un navire de sauvetage de migrants utilisé par Médecins sans frontières, est amarré dans le port de Gênes (Italie), le 18 octobre 2023. (MAURO UJETTO / NURPHOTO / AFP)

Elle jette l'éponge. L'ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé, vendredi 13 décembre, la fin de ses opérations de secours aux migrants en Méditerranée centrale, "les lois et politiques italiennes" rendant "impossible la poursuite du modèle opérationnel actuel". Son navire humanitaire, le Geo Barents, a fait l'objet au cours des deux dernières années de "quatre sanctions de la part des autorités italiennes, imposant un total de 160 jours d'immobilisation au port", déplore l'ONG dans un communiqué.

"Ces sanctions, qui n'ont servi qu'à punir le navire pour avoir rempli son devoir humanitaire et légal de sauver des vies en mer", découlent de divers décrets du gouvernement d'extrême droite de Giorgia Meloni, qui a fait de la lutte contre l'immigration clandestine son cheval de bataille. "En décembre 2024, l'Italie a encore intensifié la sévérité des sanctions en facilitant et en accélérant la confiscation des navires de recherche et de sauvetage humanitaires", ajoute l'ONG.

La promesse d'un "retour dès que possible"

La pratique des autorités italiennes consistant à désigner des ports éloignés, souvent dans le nord du pays, pour débarquer les personnes secourues a encore réduit la capacité du Geo Barents à sauver des vies en mer et à être présent dans les zones dans lesquelles il est utile, précise l'ONG, citant un exemple. "Ainsi, en juin 2023, les autorités italiennes ont demandé au Geo Barents, qui peut accueillir jusqu'à 600 personnes à bord, de se rendre à La Spezia, dans le nord de l'Italie, pour débarquer 13 rescapés. Cela a représenté une navigation de plus de 1 000 kilomètres, en dépit de l'existence de ports beaucoup plus proches", assure l'ONG.

MSF ne pense pas pour autant abandonner les migrants à leur sort, réaffirmant "son engagement ferme auprès des personnes migrantes, et en particulier celles qui entreprennent la dangereuse traversée de la Méditerranée centrale, une route où plus de 31 000 personnes sont mortes ou portées disparues depuis 2014". Juan Matias Gil, représentant de MSF pour les opérations de recherche et de sauvetage, cité dans le communiqué, ajoute que l'ONG "sera de retour dès que possible pour mener des opérations de recherche et de sauvetage sur l'une des routes migratoires les plus meurtrières au monde".

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