Drame de Gênes : Julien Bayou met en cause une "logique d'austérité et de baisse de la dépense publique"
Invité sur franceinfo jeudi, le porte-parole d’Europe-Ecologie-Les Verts a notamment appelé, après la catastrophe de Gènes, à la création d'une taxe poids lourds pour supporter la charge du prix du réseau et de son entretien.
Après l'effondrement du pont Morandi mardi à Gênes en Italie, Julien Bayou, le porte-parole d'Europe Ecologie les Verts, dénonce sur franceinfo ce jeudi les baisses d'investissement public sur le réseau routier.
"ll y a 10 ponts qui se sont effondrés en 5 ans, explique-t-il. On est donc plus sur un fait isolé. Il y a une baisse de l'investissement public partout en Europe, et aussi en France. On a une baisse de l'investissement public alors que c'est une priorité pour entretenir le réseau, créer de l'emploi et donc cette logique d'austérité et de baisse de la dépense publique peut à la fin conduire à ce genre de situation."
Julien Bayou estime ainsi qu'au contraire, il est nécessaire que l'Europe se dote d'un "plan d'investissement public" pour la transition énergétique, pour améliorer le réseau et notamment les petites lignes SNCF.
Le gouvernement français a assuré dans la foulée de la catastrophe en Italie que la sécurité était la priorité et la ministre des transports, Elisabeth Borne, présentera une loi de programmation de l’infrastructure à la rentrée. Pour Julien Bayou, il faut que cette priorité soit une "priorité de moyens" : "Ce n’est pas le cas aujourd’hui, les moyens sont en baisse depuis des années, dénonce-t-il. 100 millions d’euros cela peut sembler beaucoup, mais par exemple le budget de l’Ile-de-France, c’est quatre milliards. Avec 100 millions d’euros, on a de quoi construire deux ou trois lycées."
Arrêter le "tout routier" ?
Alors qu'un expert affirmait sur franceinfo que l’état des routes était meilleur sur le réseau privé, Julien Bayou refuse de croire que la privatisation soit une bonne chose : "Les usagers payent deux fois. La question, c'est qui doit payer. Ce n'est pas aux usagers de payer, mais aux pollueurs, aux poids lourds qui abîment les routes."
Aussi revendique-t-il une "taxe poids lourds" pour "supporter la charge du prix du réseau et de son entretien" : "Si vous passez sur la route vous l’abîmez, mais quand vous avez une Clio, ce n'est pas la même chose qu'un 35 tonnes. Il faut aussi arrêter le tout routier, et entretenir les petites lignes de la SNCF et développer le fret, c’est essentiel pour le climat, mais ce gouvernement fait tout l’inverse.
"Il y a eu une illusion Macron" en qui concerne l'écologie, a estimé le porte-parole d'Europe écologie les Verts, interrogé dans la foulée sur ce sujet. Selon lui, le gouvernement culpabilise les citoyens au lieu de s'attaquer aux vrais pollueurs. "J’ai même sauté de ma chaise quand Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’écologie, disait qu’il fallait éviter d’envoyer des mails avec des pièces jointes, s'est exclamé Julien Bayou. Bien sûr qu’il faut faire ces petits gestes, mais si on laisse les immenses pollueurs comme Total, ou les forages pétroliers et les mines en Guyane, si on laisse les compagnies minières en Guyane détruite l’Amazonie et que pendant ce temps le gouvernement fait peser sur nous la culpabilité de ce qui arrive, là on a un problème."
EELV reprend à "100%" les déclarations de Hulot
Le porte-parole d'EELV est aussi revenu sur les propos de Nicolas Hulot après la condamnation de Monsanto le 11 août à verser 289 millions de dollars à un jardinier qui accuse la firme et le glyphosate d’être à l’origine de son cancer. "Ce doit être le début d’une guerre que nous devons mener tous ensemble pour réduire massivement les molécules les plus dangereuses", avait dit le ministre de la Transition écologique.
"Evidemment, insiste Julien Bayou, que les écologistes reprennent à 100% les déclarations de Nicolas Hulot." Pour auitant, selon lui, le ministre ne "parle pas à l'opinion publique", "déjà convaincue", mais plutôt à son gouvernement, lorsqu'il évoque une "union sacrée" sur le climat. "Nicolas Hulot est tout seul, conclut-il. Il faut donc organiser la mobilisation citoyenne, et ensuite prendre le pouvoir. La prochaine échéance, ce sont les élections européennes, et si vous voulez renforcer Hulot, il faut voter Jadot [qui a été désigné le 16 juillet comme tête de la liste EELV aux élections européennes de 2019]."
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