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"Aquarius" : "Nous ne réglerons pas la question migratoire sous le feu de l’émotion"

Le député de La République en marche Florent Boudié défend une politique de cogestion au niveau européen, pour gérer la situation des migrants qui tentent de traverser la Méditerranée.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le député de La République en marche Florent Boudié ne souhaite pas "régler la question migratoire sous le feu de l’émotion". (GEORGES GOBET / AFP)

"On ne peut pas uniquement se reposer sur l'État qui, sous la pression des événements, accepterait d'accueillir" l'Aquarius, a affirmé sur franceinfo mardi 14 août le député de La République en marche Florent Boudié, responsable du projet de loi asile et immigration.

Le navire humanitaire est à nouveau à la recherche d'un port sûr pour débarquer les 141 migrants recueillis en Méditerranée. Lundi, le président du port de Sète (Hérault), Jean-Claude Gayssot, s'est dit prêt à les accueillir . À condition que le gouvernement français donne son autorisation.

franceinfo : Est-ce que le gouvernement doit donner son accord au port de Sète ?

Florent Boudié : Je comprends la position [de Jean-Claude Gayssot], parce qu’au fond, il s’agit d’une urgence et non pas de droit maritime. Mais comment fait-on à partir du moment où les États de l’Union européenne sont profondément divisés sur la question ? Je pense qu’il faut une coalition de volontaires pour avancer de façon collective sur la question. Parce que nous n’arriverons pas à la régler sous le feu de l’émotion et de l’urgence, même s’il faut dans ce cas-là penser avant tout à sauver des vies.

Et en attendant que les Européens se mettent d’accord, est-ce que la France doit accueillir l’Aquarius ?

L’Espagne l’a fait en juin, elle renonce à le faire cette fois et ce n’est pas pour rien. C’est parce qu’il y a une nécessité de trouver une solution collaborative. Sans solution européenne, il n’y aura pas de capacité à faire face au flux migratoire.

Est-ce que la majorité est divisée sur cette question ?

On ne peut pas s’arrêter uniquement à une forme d’universalisme abstrait. La France a participé aux opérations en Espagne et sur d’autres terrains pour prendre en charge un certain nombre de réfugiés. Il faut qu’il y ait un commandement unique opérationnel au niveau européen. Il faut aussi que l’Europe accepte enfin la création d’une véritable police aux frontières et une cogestion avec les pays d’origine et de transit. Et puis il faut être solide sur la question du droit d’asile. Parce que si nous ne pouvons pas distinguer ce qui relève du droit d’asile et ce qui relève de l’immigration légale et illégale, alors dans 10 ou 15 ans, c’est la notion même du droit d’asile qui sera mise en très grande difficulté.

Mais en attendant de trouver une solution, que fait-on de ces personnes ? Est-ce que ce n’est pas du ressort de la France de les accueillir, elle qui se targue d’être la patrie des droits de l’Homme ?

C’est du ressort de la France de continuer à trouver une solution collective. La France n’est pas un pays de première entrée. Il faut réfléchir à comment nous accompagnons nos partenaires européens. Si la France devait formuler un geste comme l’Espagne, j’en serais très heureux. Mais on voit bien que ce n’est pas en cédant à ces situations de manière émotionnelle qu’on va régler la question de fond, qui est comment l’Europe gère ces flux migratoires. Aujourd’hui l’Europe est divisée sur l’Aquarius à cause de la posture idéologique de l’Italie, qui considère que l’immigration est un problème par nature.

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