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Après les violences sexuelles du Nouvel An, les réfugiés de Cologne "ont peur des amalgames"

Le gouvernement allemand affime que les suspects identifiés à ce jour sont en majorité des réfugiés.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un membre d'une association germano-tunisienne distribue des fleurs devant la gare centrale de Cologne (Allemagne), le 7 janvier 2016, alors que des dizaines d'agressions sexuelles y ont été commises contre des femmes durant la nuit du Nouvel An. (MAJA HITIJ / DPA / AFP)

Dans les bâtiments de briques convertis en centre d'accueil d'urgence, les agressions sexuelles commises à Cologne durant la nuit du Nouvel An sont sur toutes les lèvres, vendredi 8 janvier. Car la trentaine de suspects identifiés à ce jour, après les plus de 120 plaintes déposées, sont en majorité des réfugiés, d'après le gouvernement allemand. 

Dans cette ville de l'ouest de l'Allemagne qui héberge actuellement "10 000 à 11 000 demandeurs d'asile et environ 20 000 migrants", au milieu de son million d'habitants, "les demandeurs d'asile sont inquiets. Ils ont peur des amalgames et redoutent d'être pointés du doigt", confie à francetv info Thomas Zitzmann, directeur du Conseil des réfugiés à Cologne, une association qui aide les migrants dans leurs démarches administratives.

Car l'implication de migrants dans ces violences suscite l'indignation, alors que l'Allemagne a accueilli en 2015 un nombre record de 1,1 million de demandeurs d'asile et que cet afflux massif inquiète une part grandissante de l'opinion publique allemande. Le mouvement d'extrême droite Pegida a d'ores et déjà annoncé une manifestation contre l'immigration massive.

"Ils ont peur que quelque chose puisse leur arriver"

"Nous avons parlé avec une vingtaine de réfugiés hier", raconte à francetv info Sarah Brasack, journaliste au quotidien local Kölner Stadt Anzeiger"Ils ont peur que quelque chose puisse leur arriver. Ils ont l'impression que les gens les regardent avec méfiance et suspicion dans la rue. Mais pour l'heure, ce n'est qu'un sentiment. Ils n'ont pas changé leurs habitudes. Ils ne sortent pas moins des foyers. Et aucun acte xénophobe ne nous a été rapporté pour l'instant."

Ce climat de peur est d'autant plus palpable que des incendies volontaires d'hébergements de réfugiés et des agressions de demandeurs d'asile émaillent régulièrement l'actualité allemande. 

Des manifestants de gauche protestent contre le racisme et le sexisme devant la gare centrale de Cologne (Allemagne) le 6 janvier 2016, là où des violences et des agressions sexuelles ont été perpétrées la nuit de la Saint-Sylvestre. (OLIVER BERG / DPA / AFP)

Une ombre plane sur la politique migratoire d'ouverture de la chancelière Angela Merkel. Les responsables politiques conservateurs de la CSU, comme ceux, sociaux-démocrates, du SPD, d'abord plus réservés, cherchent désormais à envoyer un message de fermeté. Et à gauche comme à droite, le débat sur des procédures d'expulsion plus rapides et plus efficaces à l'égard de ceux qui enfreignent la loi prend de l'ampleur. Thomas Zitzmann n'y est "pas favorable". Mais il juge qu'"il est nécessaire de clarifier qui est impliqué et de lancer ensuite des poursuites judiciaires." 

"Il y a aussi des violences dans les centres d'accueil"

"Certains réfugiés reconnaissent dans la presse qu'ils étaient là au moment des faits pour fêter le passage à la nouvelle année. Mais ils assurent qu'ils ne connaissent pas ceux qui ont fait ça", assure  le directeur du Conseil des réfugiés de Cologne.

Des fleurs ont été déposées sur l'esplanade devant la gare centrale de Cologne (Allgemagne), le 7 janvier 2016, là où des agressions sexuelles ont été commises la nuit du Nouvel An. (OLIVER BERG / DPA / AFP)

"Les jeunes gens –y compris  parmi les réfugiés– sont nombreux dans le secteur de la gare centrale et de la cathédrale. Et il y a des problèmes de criminalité. Sans doute aussi de la part des demandeurs d'asile. Alors il est peut-être probable que quelques-uns fassent partie des auteurs des violences. Ce ne serait pas une surprise. Mais c'est assurément une minorité", estime Thomas Zitzmann.

Mais, ajoute-t-il, "il y a aussi de la criminalité et des violences dans les centres d'accueil, où il y a beaucoup trop de gens et pas assez de travailleurs sociaux et de sécurité. Des femmes, des enfants et des homosexuels sont aussi victimes d'agressions." 

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