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Accueil des réfugiés : comprendre l'effort des pays européens en trois graphiques

Que représentent 24 000 réfugiés à accueillir en 2015 comparés à l'ensemble de la population française ou allemande ? Elements de réponse.

Article rédigé par franceinfo
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Lors d'une manifesation de soutien aux demandeurs d'asile, à Paris, le 8 septembre 2015. (YANN KORBI / CITIZENSIDE.COM / AFP)

François Hollande s'est engagé à accueillir 24 000 nouveaux réfugiés sur deux ans. Ce chiffre s'inscrit dans une proposition de la Commission européenne, qui entend répartir 120 000 migrants sur son territoire. Le plan ne suscite pas l'enthousiasme de l'ensemble des Etats membres, donc beaucoup trouvent l'effort demandé trop important. En France, l'Assemblée nationale en a débattu, mercredi 16 septembre, et le Premier ministre Manuel Valls a annoncé qu'il allait débloquer 279 millions d'euros supplémentaires en 2016, pour financer l'accueil des réfugiés et des demandeurs d'asile en France.

Francetv info vous explique ce que représentent ces quotas pour les Etats concernés. 

Au moins 120 000 réfugiés à répartir

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, souhaite que les pays membres de l'Union européenne se répartissent environ 120 000 personnes ayant fui les zones de guerre. Des migrants arrivés par la Grèce, la Hongrie et l'Italie. Il s'agit d'accueillir 62% des demandeurs d’asile qui ont atteint l’Europe au cours des trois derniers mois, selon Le Monde. C'est dans ce cadre que la France et l'Allemagne se sont engagées à accueillir respectivement 24 031 et  31 443 nouveaux réfugiés.

Le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark (qui bénéficient d'une "option de retrait" sur ce sujet) ne font pas partie des pays sollicités par la Commission. Mais le Premier ministre britannique, David Cameron, s'est dit prêt à accueillir jusqu’à 20 000 réfugiés syriens, sur cinq ans. 

500 000 demandes d'asile déjà enregistrées en 2015

Ces quotas ont été élaborés en prenant en compte le nombre d’habitants, le taux de chômage, le produit intérieur brut et le nombre de demandes d’asile enregistrées dans le pays. Plus de 500 000 demandes ont été déposées depuis janvier 2015 dans les pays de l'Union européenne. Là encore, l'Allemagne est en tête avec près de 210 000 demandes reçues depuis janvier. Selon Eurostat, la France compte 32 155 demandes d'asile sur la même période.

Toutefois, pour convaincre les Etats peu enthousiastes, le projet de répartition de la Commission a été aménagé. Lituanie, Lettonie et Estonie acceptent de jouer le jeu, mais n'ont pas la tradition d'accueil de l'Allemagne. Leurs quotas ont été abaissés, pour ne pas risquer de les voir basculer du côté des pays d'Europe de l'Est (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie) qui rejettent le principe même de la répartition imposée par Bruxelles.

Une répartition inégale des efforts ?

Pour comprendre les efforts de chacun, il faut pouvoir comparer ces données à population égale. Par exemple, si la France comptait 10 000 habitants, elle accueillerait neuf personnes (cinq demandes déjà enregistrées, et quatre au titre des quotas européens), et 30 iraient en Allemagne. En comparaison, la Suède et l'Autriche devraient recevoir respectivement 43 et 33 réfugiés. La Hongrie, très hostile aux quotas, en est exonérée, mais c'est elle qui a reçu, proportionnellement le plus grand nombre de demandes d'asile depuis le début de l'année : 100 pour 10 000 habitants.

Ces chiffres, qui par définition ne concernent que l'année 2015, sont à mettre en perspective avec ceux des années précédentes, durant lesquelles des pays comme l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède ont déjà accueilli de nombreux réfugiés.

Par ailleurs, ces chiffres ne concernent que l'Union européenne, qui compte 500 millions d'habitants. La majeure partie des réfugiés syriens et irakiens sont restés au Proche-Orient. Le Liban, dont la population n'excède pas 4,5 millions d'habitants, a vu arriver ces derniers mois plus de 1,17 million de réfugiés, soit le quart de sa population. Et la Turquie supporte l'afflux le plus important, avec 1,8 million de réfugiés, mais pour un territoire bien plus étendu et 75 millions d'habitants.

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