Meurtre d’Anna Politkovskaïa : Ouverture du procès
Le commanditaire et le tireur n’ayant jamais été arrêtés, seuls des seconds couteaux sont dans le box des accusés, au procès des meurtriers présumés d'Anna Politkovskaïa : Sergueï Khadjikourbanov, ancien policier de la brigade anti-criminalité de Moscou et les frères tchétchènes Ibragim et Djabraïl Makhmoudov.
_ Le dernier accusé est le lieutenant-colonel Pavel Riagouzov, ex-agent du service de sécurité fédérale (FSB, ex-KGB), soupçonné d’avoir fourni l’adresse de la journaliste aux tueurs. C’est lui qui a demandé, en tant que membre du FSB, à être jugé par un tribunal militaire. Depuis l’audience préliminaire du 15 octobre, le tribunal a ordonné le maintien en détention des accusés.
Une première polémique a agité le procès : l’avocate de la famille de la défunte estime avoir été victime d’une tentative d’intimidation, un empoisonnement au Mercure en France, où elle réside.
Le procès, qui devait se tenir à huis-clos, sera finalement public. Mais le juge a prévenu qu'il prononcerait le huis-clos “dès qu'il y aura des
pressions sur les jurés”.
La journaliste de Novaïa Gazeta, une des rares à avoir continué à couvrir le conflit en Tchétchénie au début des années 2000 et à dénoncer les atteintes aux droits de l’Homme en Russie, a été assassinée à l’âge de 48 ans le 7 octobre 2006 dans le hall de son immeuble à Moscou.
Ses collègues soupçonnent que son assassinat soit lié à ses articles sur les violations des droits de l’Homme et les agissements de l’armée russe en Tchétchénie, accablants pour le Kremlin.
Le rédacteur en chef du bi-hebdomadaire Novaïa Gazeta a accusé pour sa part des agents des services de sécurité russes d’avoir “organisé” et “coordonné” le meurtre.
Ni les proches d’Anna Politkovskaïa ni les associations de défense des journalistes ne s’attendent à ce que les audiences fassent toute la lumière sur cet assassinat.
Selon l’organisation américaine de défense des médias, le Committee to Protect Journalists, la Russie, avec 49 journalistes tués depuis 1992, est le troisième pays le plus meurtrier au monde pour les reporters, derrière l’Irak et l’Algérie.
Céline Hussonnois, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.