Volodymyr Zelensky à Paris : "C'est un appel assez fort, assez désespéré" pour un soutien plus important, selon un spécialiste des questions de sécurité
Après Londres et Paris mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit se rendre à Bruxelles jeudi.
"C'est un appel assez fort, assez désespéré" pour un soutien plus important, explique mercredi 8 février sur franceinfo, Nicolas Tenzer, enseignant à Sciences Po, spécialiste des questions internationales et de sécurité. Volodymyr Zelensky est attendu mercredi soir à Paris, en présence du chancelier Olaf Scholz, après une étape à Londres et avant de se rendre à Bruxelles pour un sommet européen jeudi. Selon Nicolas Tenzer, le président ukrainien multiplie les rencontres "parce qu'on s'aperçoit que le soutien, est très fort, mais ne permet pas encore à l'Ukraine d'envisager une reconquête totale du pays". Nicolas Tenzer développe les enjeux de cette visite pour franceinfo.
franceinfo : Volodymyr Zelensky, donc, à Londres aujourd'hui. Il a choisi Londres avant Bruxelles demain ?
Nicolas Tenzer : Oui, parce que tout simplement, après les États-Unis, le Royaume-Uni est le plus important fournisseur d'armes à l'Ukraine. Donc cette visite à Londres, c'était en quelque sorte la logique des choses, une sorte de hiérarchie dans les remerciements. Mais bon, maintenant, il continue sur l'Union européenne et il espère effectivement que les pays européens mettront vraiment tout leur poids dans la balance. On s'aperçoit aujourd'hui qu'il y a une sorte de vent mauvais de la paix qui souffle à nouveau pour un certain nombre de personnalités et de responsables qui évoquent encore des négociations, des accords de paix, peut-être des compromis, comme s'il pouvait y avoir la moindre possibilité d'un accord de discussion honnête, sincère avec un État qui a commis des crimes de guerre, crimes contre l'humanité, crimes de génocide en masse.
En achevant son discours devant le parlement à Londres, Volodymyr Zelensky a dit "en vous remerciant par avance pour les puissants avions britanniques", il va faire pareil à Paris ?
En ce qui concerne les avions, Emmanuel Macron n'a pas complètement fermé la porte, même s'il a posé un certain nombre de conditions. Et c'est vrai que si la coalition - que ce soit les États-Unis avec les F-16, que ce soit les Français à travers les avions Mirage ou les avions Rafale, etc. - pouvait vraiment aller jusqu'au bout, ce serait évidemment une chose essentielle. Mais pour l'instant, il n'y a pas encore non plus d'accord pour livrer des avions britanniques. Or, c'est absolument indispensable si on veut frapper la Russie en profondeur de son dispositif, il faut avoir à la fois cette combinaison des chars, des missiles à longue portée et, bien sûr, des avions.
Tout cela n'a rien d'anodin à l'approche du premier anniversaire de l'invasion russe ?
Oui, dans les semaines qui viennent, c'est vrai que l'Ukraine n'aura pas encore reçu toutes les armes nécessaires à la fois pour se défendre et pour également reconquérir le territoire. Et effectivement, c'est un moment de danger sur lequel l'Ukraine alerte depuis plusieurs mois. Il pourrait y avoir des avancées, même légères, mais quand même, des forces russes, et encore plus de victimes ukrainiennes. Donc c'est un moment extrêmement critique. Je trouve que nous n'avons pas été suffisamment responsables, même s'il y a une prise de conscience depuis quelques semaines ou quelques mois, en fournissant tout de suite à l'Ukraine toutes les armes nécessaires. Il y a eu un vrai problème de prévision : dans le temps et on n'a pas vu ce moment de vulnérabilité venir. Alors qu'encore une fois, il était quand même annoncé depuis assez longtemps.
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