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Visite de Poutine à Versailles : Emmanuel Macron doit "rester ferme car Poutine ne comprend que la force"

Pour la journaliste Iuliia Berezovskaia, journaliste du site d'opposition russe Grani.ru, "la menace Poutine" est "sous-estimée en Europe". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président russe Vladimir Poutine à Moscou (Russie), le 29 juin 2016. (ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AFP)

Le marathon diplomatique continue pour le chef de l'Etat. Emmanuel Macron reçoit lundi 29 mai Vladimir Poutine au château de Versailles. Iuliia Berezovskaia, journaliste qui édite depuis la France le site d'opposition russe Grani.ru, a estimé lundi sur franceinfo qu'Emmanuel Macron "a décidé d'aller dans le cœur de la bête" en rencontrant Vladimir Poutine. Selon elle, "c'est un duel très important, très dramatique. Macron rencontre son pire ennemi."

franceinfo : Comment jugez-vous la rencontre Macron-Poutine aujourd'hui ?

Iuliia Berezovskaia : Cette visite est une initiative de Vladimir Poutine et cela a été accepté par l'Elysée. Je ne dirais pas que cela a été imposé par Poutine mais ce n'était pas le bon moment pour Macron : cela fait deux semaines qu'il est entré en fonction, il vient de nommer son gouvernement et la diplomatie française est en période de transition. Mais pour rencontrer Poutine, le moment n'est jamais bon. Le président Macron a décidé d'aller dans le cœur de la bête. C'était son credo pendant la campagne. Il a décidé de saisir l'occasion de lui parler. C'est un duel très important, très dramatique. Macron rencontre son pire ennemi. Il incarne tout ce à quoi Poutine cherche à nuire.

Qu'attendez-vous de cette rencontre, dans le contexte d'un G7 qui a vu une Europe parler d'une voix relativement forte ?

C'est vraiment cette Europe unie qui va faire face à Poutine, dont la menace est sous-estimée en Europe. On espère que Macron sera lucide par rapport à Poutine. Lors du sommet du G7, Emmanuel Macron a parlé de "l'invasion" de l'Ukraine. C'est un langage différent par rapport à celui qu'il tenait lors de la campagne présidentielle. La guerre en Ukraine n'est pas un problème régional, c'est la guerre au centre de l'Europe ! Emmanuel Macron a dit qu'il serait exigeant et qu'il ne ferait pas de concessions. Dans le cas de l'Ukraine, cela veut dire que Poutine doit se retirer du Donbass [bassin houiller entre l'Ukraine et la Russie] et doit rendre la Crimée à l'Ukraine. On sait très bien qu'il ne le fera jamais. Il n'y a pas d'espace de dialogue là-dessus. Il faut exiger le retour à la normale, au droit international. Il faut rester ferme et ne pas céder, Poutine ne comprend que la force.

Les opposants à Vladimir Poutine ont-ils un espoir particulier vis-à-vis du chef de l'Etat français ?

On a beaucoup d'espoir. On va voir s'il va évoquer les questions des droits de l'homme. Il y a une lettre des familles des prisonniers ukrainiens détenus en Russie, des otages ukrainiens qui se sont adressés à Emmanuel Macron pour qu'il en parle avec Poutine. On va voir s'il va parler des prisonniers politiques, des persécutions des homosexuels en Tchétchénie, de la répression pour délit d'opinion en Russie... Poutine a écrasé les libertés, il faut en parler parce que c'est quand même la France ! Et la réthorique, c'est important, mais ce qui va compter au final, c'est la politique européenne solidaire par rapport à cette menace et l'Europe de la défense.

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