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Vidéo "Ce n'est pas mon peuple, ce sont des ennemis" : cet Ukrainien né en Russie raconte l'enfer infligé par ceux qui sont venus "libérer" Boutcha

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"Nous n'avons plus le même sang" : cet Ukrainien né en Russie raconte l'enfer infligé par ceux qui sont venus "libérer" Boutcha (Envoyé spécial / France 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Après un mois d’occupation par l’armée russe, les habitants de Boutcha, petite ville martyre près de Kiev, comptent leurs morts et s'éveillent lentement d'un cauchemar. "Envoyé spécial" a recueilli le témoignage d'un père et de sa fille, dont le mari a été emmené sous leurs yeux, puis fusillé sans un mot d'explication.

En compagnie de sa fille Irina, Vladimir est revenu dans les ruines de la maison où ils vivaient avec Oleg, son gendre. Tous deux témoignent de l'enfer qu'ils ont vécu le 5 mars 2022 à Boutcha. La petite ville située à une trentaine de kilomètres de Kiev a été occupée par l'armée russe dès la fin du mois de février. Les scènes de massacre qui y ont été découvertes après son départ ont motivé l'ouverture d'une enquête pour crimes de guerre.

Ce matin-là, Vladimir, Irina et Oleg sont à la maison, quand ils voient arriver une colonne militaire. Après une explosion, des tirs de mitraillette se font entendre, ils sont sommés de sortir. "Où sont les nazis ? Donnez leur adresse ! Nous sommes russes, nous sommes venus vous libérer", leur disent les soldats.

"Ils ont pris mon gendre Oleg, lui ont ôté ses vêtements. Ils l'ont emmené à l'angle de la rue, ils l'ont mis à genoux, et lui ont tiré une balle dans la tête." 

Vladimir, un habitant de Boutcha

dans "Envoyé spécial"

Sur le bitume, à l'endroit qu'ils désignent aux journalistes, des traces de sang, et même une balle. Pourquoi cette exécution ? Irina ne sait pas : son mari n'avait même pas fait son service militaire, c'était un civil parfaitement "pacifique", assure-t-elle. Il a été emmené sans un mot d'explication. Elle n'a pas pu faire enlever son corps, qui est resté un mois sur le trottoir. Aujourd'hui, elle dit "vivre comme elle peut, mais ne plus savoir pourquoi".

Cet enfer dont ils sortent à peine, le père et la fille le racontent en russe. Vladimir est né en Russie. Mais des habitants de ce pays, il dit aujourd'hui : "Je ne les considère plus comme mon peuple. Ce n'est pas mon peuple, ce sont des ennemis s'ils se permettent de faire des choses pareilles. Nous n'avons plus le même sang."

Extrait de "Dans l'enfer de Boutcha", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 14 avril 2022.

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