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Un sommet "pivot" de l'Otan à Madrid, analyse un enseignant à Science Po Strasbourg

Pour Alexis Vahlas, enseignant à Science Po Strasbourg et ancien conseiller politique de l'Otan, le sommet de l'Otan prévu mercredi à Madrid en Espagne est un tournant stratégique", alors que la Turquie a levé son veto sur une prochaine intégration de la Suède et de la Finlande dans l'Otan.

Article rédigé par franceinfo
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Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, préside la première session plénière du sommet de l'Otan au centre de congrès Ifema à Madrid, le 29 juin 2022. (BERTRAND GUAY / POOL)

Le sommet de l'Otan prévu mercredi 29 juin à Madrid en Espagne est un sommet "pivot", analyse sur franceinfo Alexis Vahlas, enseignant à Science Po Strasbourg et ancien conseiller politique de l'Otan. Il rejoint ainsi la position de Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Alliance atlantique, qui assure que ce sommet est "historique" alors que l'Alliance vit "sa crise sécuritaire la plus sérieuse depuis la Seconde Guerre mondiale" et que la Turquie a levé son veto sur une prochaine intégration de la Suède et de la Finlande dans l'Otan.

franceinfo : Quelle importance a ce sommet de l'Otan à Madrid ?

Alexis Vahlas : C'est un sommet pivot. La bonne nouvelle de ce mémorandum d'accord entre la Turquie, la Finlande et la Suède c'est que cela permet de signifier un tournant stratégique. Cela signifie évidemment surtout à la Russie que lorsqu'elle essaye d'empêcher son expansion et de brider la souveraineté des Etats, l'Otan parvient à s'élargir. Évidemment, l'Otan est unie à 30, bientôt 32, à Madrid. C'était le but depuis plusieurs depuis plusieurs semaines.

Qu'est-ce qui fait que la Turquie donne finalement son accord à l'entrée de la Suède et la Finlande dans l'Otan ?

Je pense que la Turquie ne voulait pas être perçue comme le récalcitrant qui empêche l'Alliance de célébrer ce développement. Et puis, c'est vrai que c'était déjà arrivé avec la nomination d'un précédent secrétaire général où, là encore, la Turquie avait dit 'Attendez-moi, je vais monnayer ça. J'ai des intérêts'. Ce qui donne une image d'absence de solidarité occidentale naturelle, d'éloignement idéologique de la Turquie. Donc, il ne fallait pas aller trop loin. On n'a pas fait trop de concessions à la Turquie et c'est ce qui comptait.

Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Otan, dit que la Russie est une menace directe pour la sécurité des pays de l'Otan. Comment la Russie va-t-elle réagir ?

La Russie réagira toujours de la même manière. On est maintenant dans une logique tout à fait conflictuelle. Mais la position de l'Otan est claire. Nous sommes une alliance défensive. Plus la Russie devient agressive et agit en violation du droit international, plus notre alliance se renforce. Plus nous montrons aussi que nous devenons au contraire attractifs et nous nous élargissons.

Il fut un temps où Emmanuel Macron parlait d'une Otan en "état de mort cérébrale". Est-ce que ce temps est révolu ?

Oui, c'est révolu pour une partie du problème : nous étions sous présidence Trump à l'époque où il [Emmanuel Macron] a prononcé ces mots. Nous avions aussi un problème avec l'allié turc au sein de l'Otan et le problème ne disparaît pas avec cet éloignement. Maintenant, l'Otan se porte beaucoup mieux qu'elle a à nouveau un ennemi identifié. Une menace claire pour toutes ces nations alliées.

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