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Ukraine : quels défis attendent les pro-occidentaux, vainqueurs des législatives

Entre le conflit avec les séparatistes pro-russes ou les réformes à entreprendre pour sortir le pays de la crise, les dossiers urgents sont nombreux sur la table du nouveau Parlement après le scrutin de dimanche. 

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Un dépouillement dans un bureau de vote de Kiev (Ukraine), le 26 octobre 2014 au soir des élections législatives anticipées. ( GLEB GARANICH / REUTERS)

La victoire des partis pro-occidentaux aux élections législatives en Ukraine semble écrasante, lundi 27 octobre. Mais, moins d'un an après le renversement de l'ex-président pro-russe Viktor Ianoukovitch, cet apparent plébiscite n'est pas un blanc-seing pour le président Petro Porochenko, qui espère poursuivre sur la voie du processus de paix dans l'est du pays et du rapprochement avec l'Union européenne.  

Un paysage politique chamboulé

Ces législatives anticipées confirment le renouvellement du pouvoir en Ukraine. Les premiers résultats officiels, publiés dans la nuit de dimanche à lundi, confirment l'avance des cinq principales listes favorables à un rapprochement avec l'UE. Leur score (environ 70% des voix) représente une vague pro-occidentale sans précédent depuis l'indépendance en 1991.

Après le décompte de 27% des voix, le Bloc de Petro Porochenko (21,9%) est au coude-à-coude avec le Front Populaire (21,6%) de son Premier ministre Arseni Iatseniouk, qui voit ses chances d'être reconduit renforcées. Surprise : Samopomitch arriverait troisième (10,6%). Le parti du maire de Lviv, bastion nationaliste de l'ouest de l'Ukraine, était une formation quasi-inconnue il y a quelques mois encore à l'échelle nationale. Elle est composée de jeunes militants et combattants de retour du front.

Conséquence : le chef de l'Etat ne pourra gouverner seul et devra accepter des compromis. Les pro-occidentaux se lancent donc, lundi, dans des consultations marathon pour former une coalition.

Le président ukrainien Petro Porochenko le 26 octobre 2014 à Kiev (Ukraine), au soir des élections législatives. (VALENTYN OGIRENKO / REUTERS)

Autre signe de ce changement de politique : les communistes ne devraient pas siéger au Parlement, pour la première fois, depuis l'indépendance.

Le parti Batkivchtchina (Patrie) de l'ancienne Première ministre Ioulia Timochenko enregistre lui aussi un score très faible avec près de 6% des suffrages. Suffisant, malgré tout, pour que l'ancienne égérie de la Révolution orange puisse être élue.

Un conflit qui couve toujours dans l'Est

Ces législatives ont été assombries par le conflit dans l'est de l'Ukraine. Environ cinq millions d'électeurs, sur 36 millions, n'ont pas pu voter en Crimée, rattachée à la Russie en mars, ni dans les zones contrôlées par les séparatistes pro-russes dans l'Est. Résultat : sur les 450 sièges de députés, 27 resteront vides.

L'instauration d'un cessez-le-feu le 5 septembre, négocié avec la participation de la Russie, n'a pas permis de mettre définitivement fin aux combats et a été critiquée par une partie de la population qui l'a considérée comme une capitulation face aux insurgés. A Donetsk, principal fief des rebelles, les habitants ont ignoré les élections et attendent celles que les séparatistes prévoient d'organiser le 2 novembre. Lundi, après deux jours d'accalmie, d'intenses tirs d'artillerie ont retenti dans la ville.

L'aéroport de Donetsk détruit par les combats dans l'est de l'Ukraine, le 26 octobre 2014. (DOMINIQUE FAGET / AFP)

De douloureuses réformes à entreprendre

Le nouveau Parlement devra voter des réformes radicales destinées à sortir l'Ukraine d'une profonde récession, à lutter contre une corruption endémique et à rapprocher le pays de l'Union européenne.

Il devra aussi accentuer les douloureuses mesures de rigueur exigées par les bailleurs de fonds occidentaux, notamment le FMI, pour sauver l'Ukraine de la faillite après le retrait du soutien financier russe. Une situation d'autant plus compliquée à gérer que le pays doit aussi faire face à un conflit gazier avec la Russie, qui le prive de gaz.

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