Ukraine : journée meurtrière et négociations sous tension
Nouveau bain de sang à Kiev, jeudi 20 février, où les affrontements ont continué entre manifestants et forces de l'ordre. Les dirigeants européens ont précisé leur projet de sanctions, lors d'une journée marquée par d'intenses négociations diplomatiques.
Le face à face a repris à Kiev (Ukraine), jeudi 20 février, malgré la trêve annoncée par le président Ianoukovitch, la veille au soir. Entre 60 et 100 personnes sont mortes selon les estimations, au cours d'affrontements très violents. Les pays de l'Union européenne ont accru davantage leur pression sur le régime ukrainien, en acceptant le principe de sanctions contre les responsables "tachés de sang".
Dans le même temps, une délégation de plusieurs ministres des Affaires étrangères, dont Laurent Fabius, ont rencontré le président Viktor IanoukovitCh à deux reprises, ainsi que des représentants de l'opposition. Aucune accord de sortie de crise n'a toutefois été conclu. Retour sur cette nouvelle journée de crise.
Une journée meurtrière et violente
La violence s'est à nouveau déchaînée avec au moins 60 morts à Kiev, selon l'opposition. Le bilan est de 75 morts depuis mardi, selon le ministère de la Santé. Armés de bâtons, boulons, pavés, mais aussi de cocktails Molotov, des centaines de manifestants radicaux ont affronté les forces antiémeute Berkout. Des images tournées par un média ukrainien ont montré des hommes, apparemment membres des forces de sécurité, dont l'un d'eux ouvre le feu avec un fusil d'assaut Kalachnikov sur une cible non identifiée.
"Les manifestants ont été tués de manière très professionnelle par des snipers qui ont visé au coeur, au cerveau ou à la carotide", a affirmé un médecin, Olga Bogomolets, interrogée sur la chaîne privée Kanal 5. "Le pire scénario que l'on craignait, c'est à dire le scénario d'une guerre civile, est malheureusement très réel", a déclaré le Premier ministre polonais Donald Tusk.
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Les dirigeants européens d'accord pour des sanctions
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se sont réunis en urgence à Bruxelles. Et ils se sont mis d'accord sur le principe d'imposer, très rapidement, des sanctions contre "tous ceux qui ont du sang sur les mains", mais aucune liste n'a encore été publiée. Les dirigeants ont ainsi décidé de priver de visas et de geler les avoirs de responsables ukrainiens. Un embargo sur les armes figure également dans le projet de communiqué. Toutefois, plusieurs pays dont la Grèce, le Royaume-Uni et l'Espagne ont fait part de leurs réserves sur ces sanctions.
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A Kiev, des négociations "très difficiles"
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a d'abord annoncé l'organisation d'élections anticipées cette année, avant d'être désavoué par les ministres des Affaires étrangères sur place. "Il n'y a pas d'accord pour l'instant" et les négociations sont "très difficiles", a indiqué l'entourage du chef de la diplomatie française Laurent Fabius. Ce dernier a rencontré Viktor Ianoukovitch à deux reprises, en compagnie de ses homologues allemand Frank-Walter Steinmeier et polonais Radoslaw Sikorski. Il a quitté Kiev dans la soirée pour rejoindre Pékin, comme prévu dans son agenda.
Des discussions ont aussi eu lieu entre la chancelière allemande Angela Merkel, le président américain Barack Obama et le président russe Vladimir Poutine. Tous trois sont "d'accord pour dire qu'il (faut) trouver une solution politique à la crise en Ukraine le plus rapidement possible et que le bain de sang devait cesser", indique le gouvernement allemand.
Le Parlement ukrainien favorable à un cessez-le-feu
Signe que Ianoukovitch a perdu des soutiens, le parlement ukrainien a voté une résolution imposant notamment un cessez-le-feu, le retour des forces de l'ordre dans les casernes et la réouverture des routes menant à Kiev. Cette résolution doit toutefois être ratifiée par le président du Parlement.
"La mise à l'écart immédiat de Ianoukovitch et les poursuites contre lui pour meurtres massifs de civils doivent être la seule exigence du peuple, de l'opposition et de la communauté internationale", a déclaré l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, dans une déclaration publiée sur le site de son parti.
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