: Reportage Ukraine : à Marioupol, des adolescents remettent les tranchées en état et se préparent à la guerre
Au sud du Donbass, la région de Marioupol reste relativement épargnée pour l'instant par la montée des tensions. Mais la population se prépare : des adolescent ont décidé de nettoyer les tranchées qui donnent sur la mer d'Azov.
Malgré le vent, la pluie, le terrain boueux et glissant, ils sont là avec leurs pelles. Une poignée d'adolescents, certains orphelins, d'autres qui vivaient dans la rue, arrache les mauvaises herbes et donne des coups de pelle pour nettoyer les tranchées donnant sur la mer d'Azov. Car après la multiplication des heurts sur la ligne de front vendredi 18 février entre les séparatistes prorusses et les forces ukrainiennes dans le Donbass, les habitants se préparent au pire, même dans la région de Marioupol, tout au sud du Donbass, qui reste pour l'instant relativement épargnée.
L'objectif ce jour-là, c'est de restaurer la tranchée qui ronge une colline face à la mer. Si les Russes attaquent, ce qui pourrait arriver très prochainement selon les dernières déclarations de Joe Biden, elle doit être opérationnelle. Parmi les adolescents, il y a Mischa, 15 ans, qui aimerait que les séparatistes "rangent les armes". "Mais ils ne comprennent pas, poursuit le jeune homme, vêtu d'un treillis militaire américain. J'aimerais savoir comment leur faire comprendre qu'on ne veut pas faire la guerre. Là maintenant, tout ce qu'on peut faire, c'est se défendre et les repousser le plus loin de l'Ukraine."
"Je n'ai pas envie d'être un soldat mais s'il le faut, je vais l'être. Je suis prêt à défendre et à aider l'Ukraine."
Mischa, 15 ansà franceinfo
Sous la tranchée, un bunker, où les soldats pourront se réfugier. C'est aussi là que se trouve Guennadiy Mokhnenko, "54 ans dans quelques semaines s'il survit", une carrure de combattant, aumonier dans l'armée. Il encadre les 35 jeunes du centre d'accueil de Tchervoné et gère le chantier de nettoyage. Son plus jeune protégé a 14 ans. "Ça fait huit ans que chaque jour, en se levant, il voit la guerre par la fenêtre. On a des attaques quasiment tous les jours, la guerre continue, raconte Guennadiy. Il y a deux mois, j'ai enterré le fils de l'un de mes amis. Il avait seulement 22 ans et s'était porté volontaire pour défendre le pays. À 21h, il appelait sa fiancée. À 22h, un sniper l'a tué."
"Protégez-nous du bain de sang"
La tension sur la ligne de front est maximale, reconnaît l'aumonier. "Ils continuent d'essayer de nous faire peur. Mais d'un autre côté, ils n'ont pas essayé de traverser la ligne de front et j'espère qu'ils ne vont pas réussir à avancer."
"L'étincelle, ça peut être vraiment n'importe quoi. Ça peut arriver n'importe quel jour, à n'importe quelle minute. Personne ne sait ce qui va déclencher le pire."
Guennadiy Mokhnenko, aumônier dans l'armée ukrainienneà franceinfo
Le travail est fini pour aujourd'hui. Face à la mer d'Azov, les jeunes se rassemblent et l'aumonier récite une prière. Il implore : "Protégez-nous du bain de sang. Arrêtez cette folie."
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