: Témoignage Guerre en Ukraine : "Pour moi, c’est un génocide", condamne une psychologue de la morgue de Boutcha
Psychologue ukrainienne, Anna Dolid prend en charge les familles à la morgue de Boutcha. Elle raconte comment, contraints de revenir plusieurs fois au rythme de l’exhumation des corps, les proches sont traumatisés.
Elle est là du matin au soir : la morgue de Boutcha, près de Kiev en Ukraine, est devenue son nouveau bureau. Réconforter une mère qui a vu mourir son fils abattu sous ses yeux, une veuve… C’est le quotidien d’Anna Dolid, une psychologue ukrainienne. Avec ses collègues, elle est confrontée tous les jours à des histoires tragiques et doit traiter ces stress post-traumatiques.
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"Beaucoup de gens ont été enterrés dans des cours, un peu partout, explique-t-elle. Ces corps sont encore en train d’être exhumés, il y en a vraiment beaucoup".
"Parfois les familles viennent trois, quatre, cinq fois pour identifier leur proche et c’est très traumatisant."
Anna Dolid, psychologueà franceinfo
Les familles arrivent sidérées, ravagées. "Le premier jour, c’était très difficile. Les familles ne comprenaient pas ce qui se passait. Ils voulaient savoir : pourquoi le corps doit être exhumé, examiné si longtemps ?, raconte Anna Dolid. Je leur répondais : parce que ce sont des crimes de guerre et ils doivent être répertoriés pour être punis. Maintenant, les gens ont compris la procédure et ils acceptent. Pour eux, il y aura une deuxième vague émotionnelle".
Anna Dolid a de l’expérience dans les stress post-traumatiques : la révolution de Maidan, le Donbass, il y a huit ans… Mais ce conflit est différent de 2014. Cette fois la volonté est d’anéantir. "Ce n’est pas la guerre. Pour moi, c’est un génocide, condamne-t-elle. Les Russes n’arrivent pas à dominer les militaires ukrainiens parce qu’ils sont faibles intellectuellement. Ils n’ont pas d’émotions, poursuit Ana Dolid. Alors ils ne peuvent dominer que par la violence. Ils compensent leur infériorité en violant et en tuant."
La parole ne suffit évidemment pas à réconforter les familles. Beaucoup lui réclament des calmants pour ne pas sombrer, confie la psychologue.
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