: Reportage "Peut-être que le front se rapproche ?" : À Sloviansk, dans l'Est de l'Ukraine, les évacuations reprennent après de nouveaux bombardements

Le souffle a fait sortir de ses gonds le lourd portail du salon de beauté. Toute aide est bienvenue pour Alexei, 86 ans. "Il y a eu une explosion vers 1h30, cette nuit, une explosion puissante : le toit est soufflé, toutes les vitres brisées. Regarde la cour, dans quel état elle est !" Il n’y a plus de murs et un large cratère où pendouillent des fils électriques. La ville de Sloviansk, dans l'Est de l'Ukraine, vivait une relative accalmie mais les frappes ont repris, vendredi 14 avril et 15 personnes sont mortes dans l’explosion de leur HLM, et dans la nuit de lundi 17 à mardi 18 avril, une série de frappes a touché le centre-ville.

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Ludmila, 76 ans, se rapproche du bord du trou formé par l'explosion devant le salon de beauté. "Et voilà, tout est détruit, ça fait peut-être quatre mètres de profondeur, il est énorme ce cratère ! se désole cette Ukrainienne. Depuis bien deux semaines, ça bombarde plus souvent. Peut-être que le front se rapproche, vous comprenez ?"

Nadiia venait de retrouver sa famille

Le salon de beauté appartient à sa famille restée dans l’Ouest du pays. Ludmila, elle, avait choisi de rentrer à Sloviansk cet hiver. Avec ces nouvelles frappes, la municipalité encourage les habitants à partir et Ludmila hésite. "Oh je ne sais pas, on va voir. Si ça continue comme ça, je serai obligée de partir bien sûr parce que je ne veux pas mourir. Même si je suis vieille, je veux vivre !"

La ville a mis en place des trains d’évacuation mais, dans la gare de Sloviansk, il n’y a pas foule. Alina a posé ses valises dans un coin. Elle vit à Lyman, près de Sloviansk, et se réfugie à Kiev avec sa petite-fille et sa grand-mère. "La police de Lyman nous a demandé de nous préparer puis d’évacuer. Je n’envisage pas de partir longtemps, un mois, peut-être, si ça se redevient calme, on retournera chez nous".

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Le bombardement d’un HLM vendredi a marqué les esprits. Nadiia, déplacée depuis un an à Dnipro venait tout juste de retrouver sa famille quand ça a explosé, et ses plans ont brutalement changé. "On était ici pour le Nouvel An, il n’y a pas eu de bombardements. On s’était dit alors qu'on pourrait revenir ici." On reviendra ici un jour, ajoute Nadiia, "car notre ville nous manque".