: Reportage "On a déjà ramené une douzaine d'ambulances" : rencontre avec Harmata, le "meilleur groupe de métal ukrainien", qui aide les soldats sur le front
En Ukraine, Volodymir Zelensky continue d’appeler ses alliés à fournir l’aide et le matériel militaire nécessaires au combat. La société civile à l’arrière participe à cet effort. Des centaines de milliers de bénévoles ont mis en place des réseaux de solidarité, des cagnottes. Pour aider à la reconstruction, mais aussi pour aider les soldats au front. C’est la mission que se sont donnée les musiciens d’Harmata. Ses membres partagent leur vie entre la scène et le front où ils vont livrer directement leur collecte aux garnisons.
Au sous-sol d’un vieux théâtre de Kiev, une salle de répétition, une batterie et des amplis... C'est l’antre d’Harmata. Sur la table, une récompense : meilleur groupe de métal d’Ukraine. Parmi d'autres trophées. "Là, on a notre petit musée de guerre, quelques morceaux d'obus, des balles, et là quelques écussons... Karpatska Sich, l'infanterie de marine", décrit Dmytro, le batteur, en français.
Des souvenirs des bataillons auxquels les musiciens du groupe acheminent régulièrement de l’aide au front. Concerts, appels sur les réseaux sociaux, partenariats avec des associations en France, levées de fonds, achats, dons de matériel... : tout y passe. "Des produits alimentaires jusqu'aux drones, véhicules, des antennes, des talkies-walkies, égrène le musicien. On a déjà ramené en Ukraine une douzaine d'ambulances."
Équiper des containers pour aider les blessés
Au front, un blessé grave sur deux meurt lors de son évacuation. Une faiblesse dans le dispositif. Il manque des points de stabilisation, c’est le nouveau projet d’Harmata : équiper des containers. "Ce sont des points de stabilisation, juste après le champ de bataille, la toute première aide." À 30 000 euros le container, ils cherchent des partenaires. À chaque tournée au front, ils mesurent le moral des troupes.
"On rencontre des militaires qui bégayent, qui n'arrivent pas à garder les yeux ouverts tellement ils sont fatigués et perturbés. On a un sentiment de fatigue et de fermeté. Ils sont tous décidés à être là jusqu'à la victoire." Pour remplacer les hommes au front, morts ou épuisés, l’État ukrainien cherche à durcir la mobilisation. "J'y vais sans réfléchir. Je suis déjà inscrit, j'attends qu'on m'appelle", lance Yevhen, le chanteur.
"80% de nos chansons chantent la guerre parce que la guerre ici dure depuis 2014", précise Dmytro, en référence à l’annexion du Donbass par la Russie. Chanter la guerre et surtout aider les soldats, pour Harmata, c'est une façon de participer aux combats. Et même le nom du groupe dit tout : en ukrainien, "harmata" signifie "canon".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.