: Reportage "Nous avons besoin d’aider nos militaires" : à Kharkiv, des Ukrainiens donnent leur sang face à l'avancée des Russes
En Ukraine, les habitants de Kharkiv se mobilisent et donnent leur sang. La deuxième ville du pays est la cible de bombardements qui ont fait au moins 11 morts. L’offensive de Moscou se poursuit, mais les troupes ukrainiennes affirment toujours contrôler 60% de la ville frontalière de Vovtchansk. Elles disent se battre maison après maison pour tenter d’éviter l’avancée de l’armée russe.
Dans un bâtiment en briques discret, en sous-sol, des civils, en majorité des femmes, viennent donner leur sang. L’endroit avait été bombardé le 25 février 2022, au deuxième jour de l’offensive russe, faisant un mort et plusieurs blessés. Assise sur un fauteuil, pansement autour du bras, Ioulia, 24 ans, donne son sang pour la troisième fois : "Je suis venue parce que mon pays a besoin d’aide. Je suis de Lougansk. Si je n’aide pas, qui le fera ?" Lougansk est un territoire occupé à la frontière avec la Russie. Il faut déployer tous les efforts pour repousser l’ennemi, dit Ioulia dont le cousin vient d'être blessé au front : "Nous avons besoin d'aider nos militaires, c’est ce qu’on essaie de faire."
"Nous devons être le plus utile pour eux."
Ioulia, habitante de Louganskà franceinfo
Natalia, petite femme énergique, a profité d’une journée de repos pour venir, elle travaille pour les chemins de fer ukrainiens. "Pour nous, tout est important : faire des donations, donner son sang… Nous avons besoin d’une Ukraine libre. Chaque Ukrainien normal doit faire tout ce qu’il peut"; assure-t-elle.
Une cible pour l'ennemi
Dans son tailleur gris, la directrice du centre, Olena Malekhon, reste discrète sur les chiffres. Le centre fournit aussi bien les hôpitaux que les soldats sur le front. Elle sait que cette banque de sang reste une cible pour l’ennemi. "Je suis très fière des habitants de Kharkiv. Ils viennent donner leur sang, même dans des conditions extrêmement difficiles. En dépit de l’escalade de ces derniers jours, ils n’ont pas peur", souligne-t-elle.
"J’ai peur pour moi-même, pour ma famille, pour les personnes qui travaillent ici."
Olena Malekhon, la directrice du centre de don du sangà franceinfo
"Bien sûr c’est la guerre, bien sûr que j’ai peur, reprend Olena Malekhon, mais j’ai conscience qu’il n’y a que nous pour faire ce travail. Personne, à part nous, ne peut le faire. Nous devons œuvrer pour le pays, c’est un pas en avant, vers la victoire." Partout sur les murs, des drapeaux ukrainiens sont accrochés et cette fierté, affichée en lettres jaune et bleu, les couleurs de l’Ukraine : "Nous sommes de Kharkiv, et nous allons réduire en morceaux les Orques", sous-entendu : les soldats russes.
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