: Reportage Le difficile travail des journalistes ukrainiens en pleine guerre : "Vérifier l'information est encore plus important qu'en temps de paix"
Alors qu'en Russie, l'information est verrouillée par le pouvoir, de l'autre côté du front, le travail des journalistes est rendu compliqué par le conflit. franceinfo a suivi le travail d’un média régional à Dnipro à l’est de l’Ukraine.
Comment informer en temps de guerre ? Pour la journaliste Lisa Svetlova, la réponse est en partie dans la chambre de ses enfants où elle a installé un studio radio. Tous les quarts d'heure, elle assure le flash info d'Informator FM, une radio du principal média privé de Dnipro, à l'est de l'Ukraine. "Avec le couvre-feu, c'est compliqué de se rendre au travail, mais il faut pouvoir diffuser les informations le plus fréquemment possible.", explique-t-elle.
Tous les jours, Lisa et un de ses collègues présentent ces bulletins de 6h à minuit. Toutes les émissions de divertissement ont été supprimées, il ne reste que la musique et la diffusion des alertes anti-aériennes. Au programme du flash de 14h30 ce mardi 23 mars : la reprise du service des bus, l'arrestation de huit saboteurs et la Russie qui peine à recruter des soldats. Aucune information négative pour l'Ukraine.
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Dans le centre-ville de Dnipro, dans les locaux de la rédaction web de la radio, on manque de photos pour illustrer les articles. Christina Lakh, la rédactrice en chef, explique qu'il s'agit de raisons de sécurité : "On ne filme pas la ville. Ce n'est pas une interdiction, mais une recommandation, pour ne pas donner d'informations, et éviter que Dnipro ne soit la cible d'attaques aériennes."
La sécurité est désormais prioritaire, tout comme la chasse aux fausses informations : "Nous menons deux guerres : physique et psychologique. Vérifier l'information est encore plus important qu'en temps de paix."
"Ici, il ne peut pas exister d'autre idéologie que l'idéologie nationale"
Outre l'information, la rédaction s'active pour apporter de l'aide humanitaire aux civils et du soutien à l'armée. Certains journalistes, comme Margarita Turchan, ont de la famille ou un conjoint militaire : "Je veux être sûre qu'ils aient ce qu'il faut pour être en sécurité, et affronter les Russes. On reste objectifs, mais on garde notre idéologie, que l'on diffuse via Informator. Ici, il ne peut pas exister d'autre idéologie que l'idéologie nationale.", avoue-t-elle.
Un positionnement qui semble convenir à leurs auditeurs. Depuis le début de la guerre, l'audience du site a bondi de 50%.
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