Reportage "Il nous faut du soutien" : la Moldavie appelle à l’aide face à l’affluence de réfugiés ukrainiens
Située à deux heures d’Odessa, la Moldavie accueille les Ukrainiens qui fuient les bombardements russes. Elle demande de l’aide pour les accueillir et s’inquiète d’une possible extension de ce conflit situé à ses portes.
Assistante sociale, Celiana coordonne les volontaires qui trient les dons arrivés de toute la Modalvie par tonnes. Nourriture, vêtements, ici une montagne de paquets de couches, là des colonnes de boîtes de conserve… Le parc des expositions de Chisinau, la capitale moldave, a été transformé en centre d’accueil des réfugiés venus d'Ukraine, lundi 7 mars.
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Le pays de 2,6 millions d’habitants a vu affluer près de 250 000 personnes en dix jours, dont 130 000 sont restées dans le pays. La plupart sont ukrainiens Dimanche 6 mars, le président ukrainien Volodymyr Zelenski a affirmé que la Russie se préparait à bombarder Odessa. La population cherche donc à fuir par tous les moyens la cité portuaire, point stratégique au bord de la mer Noire. Et la ville cosmopolite de près d’un million d’habitants est située à seulement deux heures de voiture de la frontière moldave.
Celiana accompagne les réfugiés dans leurs démarches administratives. "La capacité d’accueil de chacun de ces deux halls est de 215 personnes. Ces deux derniers jours, il y en avait plus de 500. On est débordés mais on fait en sorte de trouver un coin pour dormir à chacun", explique-t-elle.
Trop épuisée pour attendre debout dans la file, Galina, un fichu vert sur la tête, patiente sur une chaise. Elle a fui Odessa il y a trois jours. "J’ai le cœur brisé. Dans la panique, ma famille s’est séparée. Une de mes filles et mes quatre neveux sont ici, les autres sont restés là-bas. Je n’ai pas de nouvelles, pas d’argent. Je suis perdue." Cette grand-mère, sa belle-fille et la petite-fille ont aussi quitté un village près d’Odessa. "Il y avait des bombardements horribles, explique-t-elle. Ma fille me demande si les roquettes vont tuer son père et son grand-père restés en Ukraine."
La Moldavie est l’un des pays les plus pauvres d’Europe. Elle a demandé une intégration accélérée à l'Union européenne pour faire face. Elle a besoin de l’aide internationale pour accueillir tous ces réfugiés, prévient le ministre des Affaires étrangères Nicu Popescu. "Bien sûr, on dépense beaucoup d’argent pour les réfugiés et leur assurer un accueil digne. Mais il nous faut du soutien pour maintenir la stabilité, l’ordre public sur notre territoire, appelle le ministre. On approche de nos limites."
"On est le voisin le plus fragile de l’Ukraine. On n’est pas dans l’Otan, on n’est pas dans l’Union européenne. On n’est pas un pays prospère ni riche. On s’attend au pire."
Nicu Popescu, ministre des Affaires étrangèresà franceinfo
"La guerre évolue, la zone des conflits évolue et les vagues de réfugiés vont augmenter", anticipe Nicu Popescu. La Moldavie pourrait-elle être la prochaine cible ? "On ne peut pas prédire comment les choses peuvent évoluer." Tatiana, une jeune Moldave, est elle convaincue que son pays est menacé. "Oui, j’ai peur que cette guerre traverse la frontière. En fait, tout peut arriver. S’il faut partir en urgence, les valises sont prêtes", confie-t-elle.
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