Réparer ce que les forces russes détruisent, tel est le quotidien des gestionnaires du réseau de distribution, appartenant la la société DTEK électricité Donetsk.. Vladimir est l'un d'eux, aux commandes de la nacelle lors d'une intervention à Dobropillia, près de Donetsk, dans le Donbass, à l'Est du pays. Trois civils y sont morts cette semaine après une frappe ennemie. "Là, on détache le compteur et les câbles électriques du poteau... On essaie d’aider les gens", explique le technicien.>> Guerre en Ukraine : suivez l'évolution de la situation dans notre direct Un poteau électrique détruit à Dobropillia, dans le Donbass (Ukraine), en juin 2022. (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE) Autour de Vladimir, des ruines sous la pluie, de la ferraille, de la boue, et puis ce cratère de deux mètres – le missile a pulvérisé une maison. Mais ce n’était sans doute pas la cible des Russes, selon Vitali Ossinienko, le chef des électriciens dans ce district : "Il n’y a ni soldat ni équipement ici, il y a seulement nos lignes électriques et ces maisons de particuliers. Et dans la plupart des cas, quand nous intervenons, nous nous apercevons qu’ils visent les lignes électriques. Nous voyons aussi beaucoup de tirs sur ces lignes dans les champs, là où il n’y a rien d’autre à détruire. Ils visent donc les lignes intentionnellement"."L'électricité, c'est un peu comme le pain"L'armée russe vise aussi les électriciens : 14 d’entre eux sont morts en intervention depuis que la guerre a commencé ici dans le Donbass, en 2014. Voilà pourquoi les ouvriers portent des gilets pare-balles et des casques militaires. "Plusieurs fois, nos gars se sont fait tirer dessus, raconte Vitali Ossinienko. Dans ce cas-là, on s’abrite sous notre camion... Ce sont des tirs intentionnels des Russes pour nous chasser de notre lieu de travail." Cette stratégie russe est claire pour le chef des électriciens : terroriser les habitants et les pousser à fuir. "Ici, dans la région de Donietsk, le réseau de gaz ne fonctionne plus depuis plusieurs semaines.""La seule énergie aujourd’hui, c’est l’électricité. C’est pourquoi l’ennemi essaie de détruire cette source d’énergie et ainsi créer une catastrophe humanitaire dans la région."Vitali Ossinienko, électricien ukrainienà franceinfo Vitali Ossinienko, chef des électriciens dans le secteur de Dobropillia. (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE) À 100 mètres du cratère habite Victor. Sa maison a été endommagée. Mais au moins, dans quelques heures, l’électricité sera rétablie : "L’électricité, c’est un peu comme le pain. On ne peut pas vivre sans électricité. Sans ça, les gens finiraient par partir. Sans ça, on est foutus…" Près de 350 villages sont sans électricité depuis plusieurs semaines dans la région. Impossible d’aller réparer les lignes. Trop dangereux pour les électriciens.