Reportage Guerre en Ukraine : la bataille de Bakhmout est aux portes de l'épicerie toujours ouverte de Svetlana

Alors que les combats font rage à Bakhmout, dans le Dombass, en Ukraine, dans la petite ville de Tchassiv Yar, non loin du front, la vie continue, précaire, vaille que vaille, malgré les risques.
Article rédigé par Thibault Lefèvre - Eric Audra
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Svetlana est bien décidée à continuer à travailler dans son épicerie de Tchassiv Yar, malgré les risques tous les jours plus importants. (THIBAULT LEFEVRE / RADIOFRANCE)

A Bakhmout, dans le Donbass, la bataille est âpre et les tirs d’artillerie incessants. Peu de civils sont restés. Et pourtant, dans la petite ville voisine de Tchassiv Yar, il reste de rares espaces de repos. C’est le cas de l’épicerie de Svetlana, bien décidée à continuer à travailler malgré les risques tous les jours plus importants.

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Là, la télévision est allumée, le son est à fond, et pourtant, la gérante de l’épicerie ne la regarde plus. "Quand on écoute ce qu’ils disent à la télévision, tout va bien. Mais moi, je vois bien l’état des soldats quand ils rentrent, soupire Svetlana. Ce n'est pas pareil. La télévision embellit les choses, on ne nous montre pas toute la vérité."

Les clients sont essentiellement des soldats épuisés

La guerre est aux portes de sa boutique et Tchassiv Yar est désormais une ville de garnison. La clientèle habituelle a été remplacée par des soldats épuisés par des semaines de combats violents. "Ici, il ne reste que des mamies, il n’y a plus beaucoup de civils et les soldats qui reviennent du front, ils ont faim, ils ont froid…, décrit Svetlana. Comment pourrais-je laisser tomber ces gars-là ? Quand les frappes sont puissantes, j’ai peur bien sûr ! Il y a une semaine, le toit de ma maison a été touché par un bombardement. Et si ça s’intensifie, je serai obligé de fermer l’épicerie et d’aller m’installer ailleurs."

Il reste pourtant quelques civils : comme Svetlana, Luba aussi a appris le français à l’école et depuis le début de la guerre, elle vient tous les matins acheter du pain. Peu importe le vainqueur de la bataille de Bakhmout. Elle ne compte de toute façon pas abandonner sa maison.  "Je veux rester chez moi, martèle-t-elle. Il n’y a rien de grave, on va survivre. Je veux dormir dans mon lit, continuer à respirer l’air d’ici, ça fait 72 ans que je suis là. Pour moi, le plus important, c’est qu’on ne me tue pas et qu’il n’y ait plus de combat…"

"Rien ne va changer. On continuera à faire comme d’habitude. Je veux qu’on paye ma retraite, manger, travailler dans mon potager, acheter un petit cochon, des poules et vivre tranquillement…"

Luba

à franceinfo

Il y a 10 jours, l’armée ukrainienne lui a proposé d’évacuer, pour la cinquième fois. Encore une fois, elle a refusé. "Je veux rester chez moi, lâche-t-elle. Pour moi, le plus important, c’est qu’on ne me tue pas et qu’il n’y ait plus de combat…"

Le reportage de Thibault Lefèvre et Eric Audra à Tchassiv Yar

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