: Reportage Guerre en Ukraine : des pilotes français vont être la "police du ciel" de l'Otan au-dessus de la Baltique
À 30 000 pieds au-dessus de l'Allemagne, les trois Mirages 2000 de l'armée de l'Air française s'approchent doucement de l'avion ravitailleur. Un Airbus A330 MRTT déploie au bout de chacune de ses ailes deux longs tuyaux finissant par un panier. Un pilote annonce le "contact", c'est-à-dire que la perche de ravitaillement du chasseur vient d'entrer dans l'embout du panier. Le transfert de six tonnes de kérosène peut commencer.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) a considérablement renforcé son dispositif de veille sur les frontières européennes proches de la Russie. Les avions de l'Otan patrouillent et souvent "interceptent" chasseurs et appareils militaires russes, notamment au-dessus de la Baltique. Les Russes y disposent d'une enclave, celle de Kaliningrad, coincée entre Pologne et Lituanie : c'est le fer de lance du dispositif militaire russe face à l'Otan.
Les Mirage 2000 vont tenir les alertes dites de police du ciel au-dessus des pays Baltes et de la Baltique pendant les quatre prochains mois. Ils seront basés à Siauliai, en Lituanie. "Les alertes de la police du ciel dans les Etats baltes sont prises 24 heures sur 24 et sept jours sur sept par l'Otan, explique le colonel Pierre Gaudillière porte-parole de l'état-major. Ils décollent sur alerte dans un dispositif qui est commandé par l'Otan et au besoin, ils vont aller ravitailler sur des avions de l'Otan, dont les avions français aujourd'hui, pour prolonger leur temps sur zone."
"Sur les quatre derniers mois, on a eu 60 interceptions"
Sur le tarmac de la base lituanienne de Siauliai où le MRTT vient de poser, le chef de patrouille des Mirage 2000, le commandant Julien, explique le principe de ces missions d'interception : ces Mirages décolleront en quelques minutes pour aller reconnaître tout appareil circulant sans plan de vol ou en silence radio. "Le but est de se faire voir donc en arrivant doucement sur le côté et en approchant jusqu'à une distance de l'ordre de la centaine de mètres pour prendre souvent des photos, pour permettre l'identification ultérieure dans les comptes rendus notamment. On décolle toujours à deux avions c'est ainsi qu'est créée la procédure Otan", explique le commandant.
Du fait de la proximité de l'enclave russe de Kaliningrad, ravitaillée uniquement par voie aérienne, les vols militaires russes dans le secteur sont fréquents, rappelle le colonel Federico Sacco-Maino chef du détachement italien qui assurait la police du ciel depuis août : "Sur les quatre derniers mois, on a eu 60 interceptions, cela veut dire que l'activité a augmenté mais on n'a pas exactement une statistique que cela va continuer comme ça. Maintenant avec l'hiver, on attend moins d'interceptions."
Les Mirage 2000 français et F16 belges assureront à leur tour la police du ciel sur la Baltique, jusqu'en mars.
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