Reportage Guerre en Ukraine : à Lviv, dans le dernier train arrivé de Kramatorsk, les réfugiés redoutent "la pire bataille du siècle"
C'était le dernier train qui a pu relier Kramatorsk à Lviv. Et à la descente, les réfugiés, soulagés d'avoir échappé au pire, sont très inquiets et préviennent : "Ça va être aussi terrible que la bataille de Koursk pendant la Seconde Guerre mondiale".
Elles sont quatre, un peu perdues dans la foule des réfugiés qui peuplent ce jour-là la gare de Lviv, à l'ouest de l'Ukraine. Trois femmes et une fillette, quatre générations que l'on jurerait issues d'une même famille tant elles ont l'air soudées. "Non, pas du tout, on s'est rencontré dans le train", racontent-elles. Et pas n'importe quel train. Celui dont elles viennent de descendre a mis deux jours au lieu d'un pour les emmener loin des combats. Il est passé juste avant le bombardement par les Russes de la ligne de chemin de fer, puis de la gare de Kramatorsk, qui a fait au moins 52 morts selon un premier bilan. Cette gare était devenue la gare de l'exode pour les Ukrainiens du Donbass.
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Tetiana a fui avec sa fille d'une dizaine d'années. "On est partis hier de notre ville de Kramatorsk par le dernier train. Et c'est dans ce train qu'on a appris que la gare avait été bombardée. Mon mari est toujours là bas. Il a vu les bombes tomber et il m'a dit que c'était un massacre." Tetiana et sa compagne de voyage, Anna, 76 ans, savent qu'elles ont eu beaucoup de chance.
"On rentrera toutes chez nous"
Elles ont aussi conscience que leur région du Donbass s'apprête à vivre des jours terribles face à la détermination affichée par les Russes de la conquérir totalement. "Je suis très inquiète pour mes proches qui sont restés là bas, témoigne Anna. On dit qu'il va y avoir des combats dans notre ville, qu'elle va être bombardée. C'est effrayant. Dans le Donbass, ça va être la pire bataille du siècle."
"Ça va être aussi terrible que la bataille de Koursk pendant la Seconde Guerre mondiale."
Anna, 76 ansà franceinfo
Sur le parvis de la gare de Lviv, les quatre femmes cherchent un bus pour les emmener plus loin encore, en Pologne. Elles qui ne se connaissaient pas il y a encore deux jours sont désormais liées par ce dernier train venu de Kramatorsk. "On reste ensemble, bien sûr, promet Tetiana. On reste ensemble jusqu'à la victoire ukrainienne et ensuite, on rentrera toutes chez nous."
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