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Reportage Guerre en Ukraine : à Grakove, les habitants veulent "reconstruire leurs maisons et punir les coupables"

Huit mois après la libération de Grakove par l'armée ukrainienne, les habitants n'ont pas pu reprendre le cours de leur vie. Les bâtiments sont en ruines, les champs minés et les blessures ne sont pas refermées.
Article rédigé par franceinfo, Mathilde Dehimi - Arthur Gerbault et Yashar Fasilov
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'école de Grakove complètement détruite, comme la plupart des bâtiments du village. (MATHILDE DEHIMI / RADIO FRANCE)

Grakove n’a pas changé depuis sa libération : la mairie, l'école, les maisons et magasins sont à terre, seul un container installé par une association fait office de lieu de vie et la queue est inhabituelle devant. "Ça fait déjà plus de trois heures qu’on attend ! Aujourd’hui, ce sont des juristes d’une organisation internationale qui nous aident à constituer le dossier pour recevoir des compensations financières", explique Nadia, une habitante. "Ça, c’est l’attestation officielle de destruction de ma maison, ça, l’inventaire technique des bâtiments et ça, l’acte de propriété."

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Le gouvernement ukrainien a promis une compensation financière pour toute maison détruite pendant les huit mois d’occupation. La vie n'a pas pu reprendre dans les villages libérées par la contre-offensive ukrainienne : entre Kharkiv et Izioum, des villages ont été rasés de la carte, d’autres attendent toujours le retour de l’électricité, coincés par les mines, et les habitants se sentent abandonnés. 

Le container installé par une association au centre de Grakove permet aux habitants de venir réclamer des compensations financières. (MATHILDE DEHIMI / RADIO FRANCE)

La maison de Nadia est inhabitable : il manque un mur et le toit. Elle est venue exprès depuis la grande ville de Kharkiv, où elle est toujours réfugiée. "On a été chassés de chez nous quand les Russes sont arrivés ici", raconte-t-elle, émue. "Mais mon mari est resté pour s’occuper de nos vaches. Puis soudain, on l’a forcé à quitter la maison, il a été kidnappé. Il est considéré comme 'disparu' jusqu’à aujourd’hui."

Au-delà de la compensation, elles demandent justice

Tania, Tatiana et Olena hochent la tête face au récit de Nadia. Elles comprennent sa peine : cinq hommes ont disparu à Grakove, d’autres ont été torturés ou tués à bout portant, raconte Olena. "C’est comme le mari de Tatiana qui s’est fait tuer chez lui. Les Russes lui ont tiré dessus, droit dans le coeur. Ils ont pris son téléphone et ont fermé la porte." Le regard de Tatiana se perd, elle s’était réfugiée en Allemagne avant de revenir ici. Au-delà de la compensation financière pour sa maison, elle demande surtout justice.

"On sait bien qui était là, et qui a assassiné nos proches : ce sont les Russes et ils doivent être punis. Maintenant qu’on est rentrés chez nous, on veut vivre ici. On a besoin de quoi ? Tout simplement reconstruire nos maisons, avoir de l’électricité, et punir les coupables."  

Tatiana, habitante de Grakove

à franceinfo

Pour ces habitantes, cela ne va pas assez vite. La ligne de front se maintient à l'est, les soldats ukrainiens espèrent une contre-offensive aussi rapide que celle de septembre, il y a huit mois. Même dans les villages libérées, la vie reste en suspens : les champs sont minés, les bâtiments en ruine et il n'y a plus de travail.

"Maintenant qu'on est rentrés chez nous, on veut vivre ici" : à Grakove, les habitants veulent "reconstruire leurs maisons et punir les coupables"

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