: Reportage "Ce que veulent les Russes, c'est qu'on abandonne" : à Kharkiv, en Ukraine, certains habitants refusent de quitter leur quartier visé par des tirs
Depuis le début de l'invasion russe, la ville du Nord-Est est une des cibles principales des bombardements. Beaucoup de familles ont fui et celles qui restent sont les plus démunies ou les plus engagées.
"Il y avait de la fumée partout ici. Cet immeuble était orienté au nord, du mauvais côté." Depuis la cuisine d'un appartement, au 9e étage, Olga Federova, nous explique que son immeuble et tout le quartier de Saltivka, à Kharkiv, dans le Nord-Est de l'Ukraine, sont dans la ligne de mire de l’armée russe : "Là-bas, il y a le village de Tsyrkuni qui est occupé. Les Russes nous visent avec des roquettes depuis là-bas."
Nous sommes chez ses voisins. Olga est venue avec sa fille, Olia, y récupérer des affaires. On voit encore un œuf au plat laissé dans une assiette au 7e jour de la guerre. "En une heure, ils ont pris leurs affaires et ils sont partis, raconte-t-elle. Il y a les parents, deux enfants, l'un a 16 ans et un autre garçon à 11 ans."
"Quand c'est votre heure, c'est votre heure"
La deuxième plus grande ville du pays est, depuis le début de l'invasion russe, l'une des principales cibles de l'artillerie ennemie. Les combats ont transformé le très grand alignement d'immeubles de Saltivka en une zone fantôme, une grande zone de front. C'est l'endroit le plus dangereux de la ville. Et pourtant il y a toujours des habitants. Tatiana vit avec sa mère, au 4e étage. Leur immeuble est presque vide, il ne reste que six familles : "C'est une catastrophe humanitaire."
"Ma mère a 77 ans. Elle ne peut pas descendre au bas de l'immeuble. Alors vous imaginez aller se réfugier dans le métro."
Tatiana, habitante de Saltivkaà franceinfo
Dans l’immeuble de droite, Au 14e étage, deux appartements ont été éventrés par un bombardement. Pavel vit aussi dans ce décor de fin du monde. Malgré la guerre et les conditions matérielles. "Ceux qui sont partis, ce sont ceux qui vivent en haut dans les étages élevés, affirme-t-il. Moi, je m'en fiche. Quand c'est votre heure, c'est votre heure".
Beaucoup d’habitants ont quitté la ville. Ceux qui restent sont souvent les plus démunis ou les plus engagés. Pour Olia, c’est un acte de résistance : "Ce que veulent les Russes c'est qu'on panique, qu'on se rende, qu'on abandonne cet endroit. C'est pour ça que des gens sont restés, y compris dans des zones très dangereuses. Ils ne s'en vont que quand c'est une menace directe pour leur vie."
Certains habitants qui avaient fui ont même choisi de revenir à Kharkiv.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.