Le rire comme "arme contre la Russie" : à Kiev, les humoristes continuent de se produire dans les sous-sols
Comment continuer à rire, quand la guerre a bouleversé le quotidien ? Après deux mois d’invasion russe, de jeunes Ukrainiens choisissent de défier Poutine, en se réunissant sur des scènes de stand-up, au cœur de Kiev, cachées sous terre.
Il faut vraiment savoir que le théâtre se trouve ici : l'entrée est sur un parking, dans une petite cour d'immeuble à Kiev, en Ukraine. Aucune inscription. "C'est pour que les Russes ne nous trouvent pas !", explique Anton, qui arrive en trottinette électrique.
Star montante de la scène d’humour à Kiev, il faut descendre une dizaine de marches, sous terre, pour le voir prendre le micro. Pas simple, pourtant, d’être humoriste ukrainien, en ce moment, alors que l'offensive russe ne connaît pas de trêve.
Aujourd’hui, j’ai dû écrire de nouvelles blagues pour mon stand-up, donc pour ça il a fallu que j’oublie un peu ce qui se passe à Marioupol. Et du coup je me suis senti coupable !
Anton, humoriste ukrainienà franceinfo
"Pourtant, je me rends bien compte aussi que, pour les gens, nos spectacles d’humour, c’est comme une psychothérapie, ajoute-t-il. Et en moins cher, en plus !" Ce soir encore, la salle est pleine, avec la trentaine de chaises occupées. Slava et sa copine ont toujours aimé le stand-up, mais c’est la première fois qu’ils reviennent, depuis la guerre. "Les nouvelles du front sapent le moral, vraiment ! Donc venir ici, ça permet d'adoucir un peu la situation, raconte Slava. On est venus se détendre, en fait."
"C'est lui que ça démoralise !"
Au plus fort des bombardements, en mars, des habitants de Kiev se sont souvent réfugiés dans ce sous-sol, qui est redevenu depuis un théâtre. Mais la guerre n’est jamais loin. "On a entendu la frappe, sur un autre quartier de Kiev", indique Dima, un collègue humoriste d'Anton. Il y a quelques semaines seulement, un bombardement est venu surprendre Dima sur scène. "Le spectacle touchait à sa fin. L’avantage, c’est qu’on était déjà tous à l’abri ici !", ajoute Dima.
L’humour, comme moyen de dépasser la peur. Pour Anton, "c’est même une arme contre la Russie !" : "Poutine voulait que nous soyons terrorisés, mais si à la place nous lui rions au nez, eh bien c’est gagné ! C’est lui que ça démoralise", s'en amuse-t-il. Et comme beaucoup d’autres ici, le jeune humoriste de 28 ans reverse en ce moment une partie du revenu de ses spectacles à l’armée ukrainienne.
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