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Le rire comme "arme contre la Russie" : à Kiev, les humoristes continuent de se produire dans les sous-sols

Comment continuer à rire, quand la guerre a bouleversé le quotidien ? Après deux mois d’invasion russe, de jeunes Ukrainiens choisissent de défier Poutine, en se réunissant sur des scènes de stand-up, au cœur de Kiev, cachées sous terre.

Article rédigé par Agathe Mahuet - Arthur Gerbault - Yashar Fazylov
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Cette scène souterraine de stand-up permet aux humoristes ukrainiens de continuer à faire rire leur public et à défier Vladimir Poutine par leur art. Au centre, Anton, un des humoristes qui se produit dans ce théâtre. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Il faut vraiment savoir que le théâtre se trouve ici : l'entrée est sur un parking, dans une petite cour d'immeuble à Kiev, en Ukraine. Aucune inscription. "C'est pour que les Russes ne nous trouvent pas !", explique Anton, qui arrive en trottinette électrique.

Pour se rendre dans ce théâtre, il faut descendre dans une cave, accessible depuis un parking dans une cour d'immeuble de Kiev. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Star montante de la scène d’humour à Kiev, il faut descendre une dizaine de marches, sous terre, pour le voir prendre le micro. Pas simple, pourtant, d’être humoriste ukrainien, en ce moment, alors que l'offensive russe ne connaît pas de trêve.

Aujourd’hui, j’ai dû écrire de nouvelles blagues pour mon stand-up, donc pour ça il a fallu que j’oublie un peu ce qui se passe à Marioupol. Et du coup je me suis senti coupable !

Anton, humoriste ukrainien

à franceinfo

"Pourtant, je me rends bien compte aussi que, pour les gens, nos spectacles d’humour, c’est comme une psychothérapie, ajoute-t-il. Et en moins cher, en plus !" Ce soir encore, la salle est pleine, avec la trentaine de chaises occupées. Slava et sa copine ont toujours aimé le stand-up, mais c’est la première fois qu’ils reviennent, depuis la guerre. "Les nouvelles du front sapent le moral, vraiment ! Donc venir ici, ça permet d'adoucir un peu la situation, raconte Slava. On est venus se détendre, en fait."

"C'est lui que ça démoralise !"

Au plus fort des bombardements, en mars, des habitants de Kiev se sont souvent réfugiés dans ce sous-sol, qui est redevenu depuis un théâtre. Mais la guerre n’est jamais loin. "On a entendu la frappe, sur un autre quartier de Kiev", indique Dima, un collègue humoriste d'Anton. Il y a quelques semaines seulement, un bombardement est venu surprendre Dima sur scène. "Le spectacle touchait à sa fin. L’avantage, c’est qu’on était déjà tous à l’abri ici !", ajoute Dima.

La salle est pleine : le rire agit comme une psychothérapie face aux traumatismes de la guerre. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

L’humour, comme moyen de dépasser la peur. Pour Anton, "c’est même une arme contre la Russie !" : "Poutine voulait que nous soyons terrorisés, mais si à la place nous lui rions au nez, eh bien c’est gagné ! C’est lui que ça démoralise", s'en amuse-t-il. Et comme beaucoup d’autres ici, le jeune humoriste de 28 ans reverse en ce moment une partie du revenu de ses spectacles à l’armée ukrainienne.

A Kiev, les humoristes continuent de se produire dans les sous-sols - le reportage d'Agathe Mahuet

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