Le plan de résilience jugé insuffisant par une organisation de Transporteurs routiers qui demande "une aide directe par véhicule"
L'OTRE appelle à la mobilisation lundi 21 mars. Pas de "blocages d'autoroutes ou de centrales pétrolières" mais "peut-être des opérations escargot. [...] Toutes les modalités seront envisageables", déclare son délégué général.
Comme la FNTR (Fédération nationale des transports routiers) mercredi soir sur franceinfo, Jean-Marc Rivera, délégué général de l'Organisation des Transporteurs routiers européens (OTRE), demande jeudi 17 mars sur franceinfo "une aide directe et versée rapidement (...) par véhicule". Le plan de résilience, qui prévoit une remise à la pompe de 15 centimes par litre de carburant étendue au gaz naturel véhicule (GNV) et au gaz de pétrole liquéfié (GPL), "ne suffit pas" pour le secteur, selon Jean-Marc Rivera, dont certaines entreprises sont "au bord du gouffre".
franceinfo : L'extension de la remise de 15 centimes le litre au carburants utilisés par les transporteurs routiers suffit-elle ?
Jean-Marc Rivera : Elle ne suffit pas. Le Premier ministre avait clairement annoncé que des mesures spécifiques seraient mises en oeuvre pour les secteurs les plus impactés. Le secteur de la route est un secteur qui, manifestement, est très fortement impacté par ces hausses de carburant.
"Le plan de résilience annoncé ne propose aucune mesure spécifique pour les transporteurs routiers, alors qu'ils en proposent d'ores et déjà pour certains secteurs d'activité comme la pêche comme l'agriculture."
Jean-Marc Rivera, délégué général de l'Organisation des Transporteurs routiers européensà franceinfo
Il y a une annonce du Premier ministre d'une volonté de mettre en œuvre des aides complémentaires. Nous en prenons acte, mais les annonces ne suffisent plus. Il nous faut aujourd'hui une concrétisation de ces annonces, à défaut de quoi, les entreprises ne pourront pas résister longtemps.
Que faut-il de plus, selon vous ?
Il faut verser une aide directe calculée par véhicule. Nous entendons bien à la fois les véhicules du transport routier de marchandises, nos poids lourds, nos véhicules utilitaires, mais également le secteur du transport de voyageurs et du transport sanitaire. Il faut une aide directe et versée rapidement. Nous avons des demandes qui nous amènent à peu près à 2 000 euros par véhicule lourd et 700 euros par véhicule léger. Nous sommes sur une base de négociation.
Vous lancez un appel à la mobilisation dès lundi : que prévoyez-vous ?
Nos entreprises ont décidé de la mobilisation en l'absence de concrétisation de mesures dès le 21 [mars]. Nos délégations régionales sont en train de déposer en préfecture des demandes de déclaration de manifestation, elles seront à la liberté de nos régions et des entreprises, avec probablement des modalités différentes. Nous n'irons pas, très clairement, vers des blocages d'autoroutes ou de centrales pétrolières. Il y aura peut-être des opérations escargot, mais en tout cas, toutes les modalités seront envisageables. C'est une expression très claire d'inquiétude qui se mettra en oeuvre dès le 21 mars.
"Le gouvernement est au courant et nous avons jusqu'à vendredi pour trouver les modalités de sa proposition."
Jean-Marc Riveraà franceinfo
Nous devons absolument connaître en quoi nous serons aidés et comment se traduisent les engagements du Premier ministre. Nous savions que ce plan de résilience ne mettrait pas immédiatement en proposition des choses concrètes pour notre secteur d'activité. C'est une expression de colère, de grande inquiétude de nos entreprises. Nous représentons des TPE et PME, ce sont elles qui ont le plus de difficultés à répercuter à nos clients les hausses fortes de carburant qu'elles ont subies ces dernières semaines.
Certaines entreprises du secteur risquent-elles de mettre la clé sous la porte aujourd'hui ?
C'est une évidence. Elles ont des trésoreries qui sont pour certaines d'entre elles au bord du gouffre. Si les aides ne tombent pas immédiatement, c'est une question de jours, ces entreprises ne survivront pas et les salariés avec. Nous sommes un secteur d'activité réparti sur tout le territoire, un des rares secteurs d'activité où l'on propose encore de l'emploi, même dans les zones rurales. Ces entreprises là, il faut absolument les sauvegarder, elles sont utiles à l'économie du pays. Dès lors que le prix de vente de votre transport ne vous permet pas de couvrir les charges, bien évidemment, le véhicule vous coûte moins cher à rester au dépôt plutôt que de faire son activité. Aujourd'hui, certains transporteurs n'exécutent plus leur transport, parce s'ils le font, ils perdent encore davantage d'argent et ils accélèrent leur défaillance.
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