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Le discours d'Emmanuel Macron à l'ONU a été "l'un des plus fermes d'un président de la République française", selon un géopoliticien

Pour Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po, "les choses ont été clarifiées" sur la position de la France "vis-à-vis de Moscou".

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron à la tribune de l'Assemblée Générale des Nations Unies, le 20 septembre 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"On a assisté à l'un des discours les plus fermes d'un point de vue historique d'un président de la République française à l'Assemblée générale des Nations unies", a affirmé mardi 20 septembre sur franceinfo Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po, docteur en géopolitique, alors que le chef de l'Etat a accusé, à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies, la Russie d'avoir provoqué un "retour des impérialismes" en ayant envahi l'Ukraine fin février.

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Emmanuel Macron a notamment "clarifié les choses" vis-à-vis de certains Etats. Mais Frédéric Encel "doute" que cela suffise à infléchir leurs positions.

franceinfo : Est-ce que le discours d'Emmanuel Macron a été clair ?

Frédéric Encel : Je pense que l'on a assisté à l'un des discours les plus fermes, non seulement d'un point de vue historique d'un président de la République française à l'Assemblée générale des Nations unies devant 192 autres Etats, et d'autre part, cela a été le discours le plus ferme depuis l'invasion russe en Ukraine. Et je pense que cette fermeté, dans le ton et sur le fond, était aussi liée à un certain nombre d'accusations d'États, et notamment d'Etats d'Europe orientale, trouvant jusqu'à présent l'Elysée insuffisamment ferme vis-à-vis de Moscou. Donc je pense que les choses ont été clarifiées.

Quels pays étaient dans le viseur du président de la République, en dehors de la Russie ?

Ce sont ces Etats qui se sont abstenus à plusieurs reprises à l'Assemblée générale, où un Etat compte pour une voix. Et on a bien vu qu'à partir du 24 février et à plusieurs reprises, que la Russie était extrêmement seule. Quatre États seulement avaient voté pour elle, mais plusieurs dizaines d'autres s'étaient abstenus. Et je pense qu'une partie importante du discours d'Emmanuel Macron a porté sur le choix nécessaire de ces États entre ce qu'il a appelé de manière extrêmement manichéenne, mais juste au regard de la situation, la paix et la guerre.

Est-ce que la fermeté dans un discours signifie l'efficacité ?

C'est la question centrale. Si vous entendez par efficacité l'infléchissement de certaines politiques d'un certain nombre d'Etats proches de la France, notamment d'Afrique subsaharienne, j'en doute un peu. Parce que l'on a affaire à des États souverains et la France d'aujourd'hui n'est plus la France des années 1960-1970, et c'est tant mieux. Ils sont réellement souverains. Et surtout, ils attendent de voir ce qui va se passer. Talleyrand disait : "La victoire a beaucoup de parrains, la défaite est orpheline". Et là, je pense que ce n'est pas parce que Paris dit ceci ou cela sur la crise ukrainienne que les États d'Afrique subsaharienne ou les États arabes vont nécessairement suivre Paris.

"En revanche, cela signifie quand même que la France, la première puissance militaire de l'Union européenne et de l'OTAN sur le continent européen, dit quelque chose d'extrêmement clair. Et elle le dit non seulement sur le plan diplomatique, mais aussi sur le plan militaire."

Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-PoFrédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po

à franceinfo

Il ne vous aura pas échappé que dans le même temps, l'ambassadeur de France à Moscou a été convoqué et que les Russes sont tout à fait mécontents de la poursuite des livraisons françaises à l'Ukraine. Pourquoi ? Parce que nous avons affaire à des livraisons d'armes extrêmement efficaces. Pour résumer, je vous dirais que cela ne va pas changer, me semble-t-il pour l'essentiel, les politiques de ces abstentionnistes. En revanche, cela va dire quelque chose d'assez nouveau de la politique de la France et notamment en Europe.

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