"La Crimée n'est plus le paradis qu'elle était jusqu'en 2014" : il y a dix ans, la Russie envahissait et annexait ce territoire ukrainien

Le 27 mars 2014, la Russie envahissait la Crimée et annexait le territoire en quelques semaines. Aujourd'hui, cette invasion est considérée comme le prologue de la guerre en Ukraine commencée en 2022.
Article rédigé par Camille Magnard - édité par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une affiche montre le président russe Vladimir Poutine à Simferopol en Crimée le 5 mars 2024. (STRINGER / AFP)

Il y a dix ans, la Russie envoyait ses mercenaires dans la péninsule ukrainienne de Crimée, sur la mer Noire. En quelques semaines et quasiment sans un coup de feu, elle annexe le territoire au mépris de tout droit international. C’est la première étape d’une guerre qui ne dit pas encore son nom mais qui a conduit à l’invasion russe de l’Ukraine depuis 2022. Occupée donc depuis dix ans, la Crimée se retrouve au cœur du conflit actuel.

En dix années d’occupation russe, c’est peu dire que la Crimée a changé, reconnaît Refat Tchoubarov. Il préside l’assemblée représentative des Tatars de Crimée, premières victimes des répressions depuis 2014. "Les enfants là-bas ont vécu la plus grande partie de leur jeunesse sous la propagande russe, raconte-t-il. Et la Russie a aussi fait venir un million de ses citoyens en Crimée. Ce sera un gros problème pour nous de les chasser."

Beaucoup d'habitants de Crimée aident l'armée ukrainienne

Dans le même temps, près d’un quart des Tatars de Crimée ont été contraints à l’exil ailleurs en Ukraine. Pour ceux qui restent, Tatars ou Ukainiens ethniques, le danger est permanent. Volodymyr Prytoula le sait bien, lui qui dirige depuis Kiev un média en ligne, Krym Realii. Plusieurs de ses journalistes en Crimée ont été arrêtés ou emprisonnés. "Il y a ceux qui ne veulent pas être mobilisés par les Russes, ceux qui redoutent la répression et les autres qui craignent les bombardements ukrainiens. Tous comprennent que la Crimée n'est plus le paradis qu'elle était jusqu'en 2014", énumère-t-il.

"Aujourd'hui c'est avant tout un endroit dangereux."

Volodymyr Prytoula, qui dirige un média en ligne basé à Kiev

à franceinfo

Ces derniers jours, l’Ukraine multiplie les frappes sur les positions russes en Crimée. La Russie réplique en lançant des missiles balistiques depuis la péninsule. Tamila Tacheva est la représentante spéciale de la présidence ukrainienne pour la Crimée. "Depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022, surtout depuis que nos forces armées bombardent des positions russes en Crimée, notre peuple a commencé à résister activement, affirme-t-elle. Beaucoup renseignent notre armée sur les mouvements des troupes ou de matériel ennemi en Crimée. Cela aide beaucoup l'Ukraine." 2022 a été un tournant pour la Crimée. L’Ukraine a compris que non seulement elle pouvait reprendre le territoire, mais qu’elle n’avait en fait pas d’autre choix. Plus cette guerre dure, et plus il semble clair que c’est bien là, en Crimée, que se jouera son dénouement.

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