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Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine veut que le gaz russe soit payé en roubles

Pour contrebalancer l'effet des sanctions occidentales sur le cours du rouble, le président russe a annoncé vouloir que les entreprises des pays "inamicaux" payent les hydrocarbures qu'ils achètent à la Russie dans sa propre monnaie.

Article rédigé par franceinfo
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Une centrale électrique à gaz allemande directement reliée aux gazoducs provenant de Russie, à Leuna, le 17 mars 2022. (JAN WOITAS / DPA-ZENTRALBILD / DPA / AFP)

Vladimir Poutine ne veut plus voir de dollars ou d'euros, c'est désormais en roubles qu'il faudra payer le gaz et le pétrole russes ainsi que d'autres produits d'exportation. Le président russe a donné mercredi 23 mars une semaine à la Banque centrale de Russie pour mettre en place ces nouvelles règles pour les entreprises venant de ce qu'il appelle les "pays inamicaux", à savoir ceux qui décident de sanctions économiques envers la Russie. 

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Le pouvoir russe, et notamment la directrice de la banque centrale Elvira Nabioullina, qui est quelqu'un d'extrêmement respecté dans le pays, sont des gens pragmatiques. Leur problème actuellement, c'est que depuis le début de la guerre en Ukraine, l'une des restrictions imposées à la Russie est le gel des avoirs en devises étrangères de la Banque de Russie. De ce fait, il lui est impossible de soutenir sa monnaie, provoquant une forte dévaluation du rouble. Le pouvoir russe a donc décidé de demander aux entreprises qui leur achètent du gaz, du pétrole, et d'autres biens de les payer dorénavant en roubles. Les clients de la Russie vont donc devoir acheter des roubles massivement, ce qui va soutenir le cours de monnaie.

L'inconvénient, c'est que la Russie se prive de rentrées en devises. Mais elle en a de moins en moins besoin puisqu'elle a de moins en moins le droit de faire des achats en dollars ou en euros. La Russie tire finalement partie d'une situation qui reste malgré tout quand même très compliquée pour le pays.

Cette annonce a eu un effet immédiat sur la devise russe, qui s'est renforcée face à l'euro et au dollar, alors que le rouble avait perdu environ 20% de sa valeur depuis le 24 février et le début de ce que la Russie présente comme une "opération militaire spéciale" en Ukraine.

L'Allemagne dénonce une violation des contrats

Très dépendante du gaz russe, l'Allemagne a immédiatement réagi par l'intermédiaire de son ministre de l'Economie Robert Habeck, déclarant que cette décision de la faire payer en roubles était une rupture des contrats conclus. Et le groupe pétrolier et gazier autrichien OMV a affirmé qu'il continuerait à payer en euros.

La question se pose de savoir si la Russie a le droit d'exiger les paiements en roubles. C'est a priori non, même s'il faudrait voir comment sont précisément libellés les contrats. Et que le géant Gazrpom, par exemple, a été prié de modifier ses contrats pour les adapter à cette évolution. Mais depuis quelques semaines, face aux sanctions, la Russie est en train de s'affranchir des règles du commerce international et se comporte un peu comme un État pirate. Un exemple, l'Etat russe vient d'autoriser les compagnies d'aviation du pays à garder les avions qu'elles louent à des sociétés européennes qui en réclament pourtant le retour. Et pire encore, les compagnies sont autorisées à payer le loyer en rouble dorénavant. Ce qui, évidemment, ne va pas vraiment plaire aux loueurs.

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