Guerre en Ukraine : Renault suspend ses activités en Russie, "des investissements conséquents qui risquent d'être perdus", estime un spécialiste
Le groupe français a annoncé mercredi 23 mars la suspension des activités de son usine à Moscou, ce qui "peut être une espère de cadeau d'actifs que l'on fait à la Russie", juge sur franceinfo le directeur des études économiques à l'école de commerce IESEG à Paris.
"Ce sont des décisions très délicates à prendre. Ce sont des investissements qui ont été conséquents et qui risquent d'être perdus", a expliqué mercredi 23 mars sur franceinfo Eric Dor, directeur des études économiques à l'école de commerce IESEG à Paris, après l'annonce par Renault de la suspension de ses activités en Russie.
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franceinfo : Que pensez-vous de cette décision ?
Eric Dor : Ce sont des décisions très délicates à prendre. Ce sont des investissements qui ont été conséquents et qui risquent d'être perdus. En abandonnant ces activités productives en Russie, les Occidentaux laissent la place au gouvernement russe pour éventuellement réquisitionner, voire nationaliser les actifs. Donc, cela peut être une espère de cadeau d'actifs que l'on fait à la Russie. En même temps, la rentabilité de ces investissements est devenue douteuse puisque si les sanctions réussissent à mettre à mal l'économie russe la demande va s'effondrer et comme ce sont avant tout des investissements pour servir le marché local, on peut penser que le rendement n'est pas garanti.
Est-ce que les entreprises ont vraiment le choix ?
C'est vraiment une décision difficile parce que les arguments vont dans les deux sens. D'aucuns disent qu'il peut être nécessaire de rester là-bas pour garder de bonnes relations avec le peuple russe, tous les Russes ne sont pas en faveur de la guerre, loin de là. Donc, on peut comprendre que d'un point de vue humain ce soit une décision difficile. En même temps, on comprend aussi la demande de l'Ukraine d'exercer une pression maximale sur les autorités russes.
La Russie a annoncé qu'elle n'accepterait plus de paiement en dollars ou en euros en échange des livraisons de gaz à l'Union européenne. Quelles peuvent être les conséquences de cette décision ?
Cela ne change pas vraiment la donne sur le marché du rouble. Actuellement, les Européens importent du gaz russe et le paient en euro. Donc, l'exportateur russe reçoit des euros. La loi russe oblige les sociétés russes à revendre au moins 80% de ces euros pour acheter du rouble. Donc, ce que cela va changer c'est que ce sont les importateurs européens qui vont devoir eux-mêmes acheter du rouble contre des euros pour les verser à l'exportateur russe. Dans les deux cas il y a un achat de rouble. Le point fondamental c'est qu'aussi longtemps qu'on achète des hydrocarbures à la Russie on lui verse des devises fortes qui peuvent servir à acheter du rouble et donc on soutient son économie.
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