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Guerre en Ukraine : quels sont les risques de radiations autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia ?

De nouveau bombardée samedi, la plus grande centrale nucléaire d'Europe a son "infrastructure endommagée et il existe des risques de fuite d'hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives", a prévenu la compagnie nationale ukrainienne.

Article rédigé par Valérie Crova, Eric Biegala - Arthur Gerbault
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Exercice en cas d'attaque nucléaire sur la centrale de Zaporijjia, le 17 août 2022. La centrale est occupée par les Russes depuis le début de la guerre  (DIMITAR DILKOFF / AFP)

L'inquiétude, toujours. Samedi 27 août, l'opérateur des centrales nucléaires ukrainiennes Energoatom a averti que la centrale de Zaporijjia fonctionnait désormais avec des risques de fuites radioactives et d'incendie, à la suite de bombardements dont Ukrainiens et Russes s'accusent mutuellement depuis plusieurs semaines. 

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Les troupes russes ont bombardé le site "à plusieurs reprises au cours de la dernière journée", a affirmé la compagnie nationale ukrainienne, avant de préciser : "Conséquence des bombardements périodiques, l'infrastructure de la centrale a été endommagée et il existe des risques de fuite d'hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives", parlant d'"un risque d'incendie élevé".

La question est d'importance : ces bombardements autour de la plus grande centrale nucléaire d'Europe peuvent-ils vraiment entraîner un accident nucléaire ? Sur ce point, les spécialistes s'accordent : en cas d'accident, ce ne sera sans doute pas au sens d'un drame majeur du type Tchernobyl ou Fukushima. Les réacteurs de Zaporijia sont en effet à l'épreuve des bombes, protégés par une enceinte de confinement en béton de deux mètres d'épaisseur. 

"Bombe sale"

Il y a, en revanche, juste à côté de ces réacteurs un entrepôt ou sont stockés les combustibles usés : l'uranium qui a été utilisé pour faire fonctionner ces réacteurs. Celui-ci est toujours radioactif et surtout ces combustibles, eux, ne sont pas à l'abri d'une enceinte de confinement mais stockés dans un bâtiment beaucoup moins solide. On peut parfaitement imaginer qu'un obus perce les murs ou le toit et vienne exploser au milieu de ces combustibles. Le résultat serait alors la formation d'un nuage de poussières - radioactive - s'échapant dans l'atmosphère, retombant assez vite mais contaminant tout de même la zone alentour sur quelques centaines de mètres au moins.

Ce qui serait alors l'équivalent d'une "bombe sale" risque de déclencher une panique chez les habitants de Il y aurait là de quoi déclencher une belle panique dans la ville d'Enerhodar, mitoyenne de la centrale. Lors du bombardement, certains des obus sont tombés à moins de 20 mètres de l'entrepot des combustible usés. 

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Distribution de comprimés d'iode

La mairie de Zaporijjia a indiqué distribuer depuis le 23 août des comprimés d'iode aux habitants dans un rayon de 50 km autour de la centrale, conformément aux instructions du ministère de la Santé, tout en soulignant qu'aucune anomalie n'avait été détectée pour l'instant et que l'iode ne devait être pris qu'en cas d'alerte aux radiations. Ce qui ne rassurent pas vraiment les habitants de la région.

Comme  Olena, une employée de la centrale qui n'y travaille plus depuis que les troupes russes l'occupent. Elle affirme ainsi à franceinfo que les autorités Enerhodar ont d'ores et déjà pris des mesures préventives : "Le maire de la ville a personnellement fait livrer 25 000 pastilles d'iode pour que les personnes qui s'inquiètent puissent aller chez leur médecin de famille et obtenir ces pilules au cas où... C'est strictement interdit de les prendre maintenant. C'est pour que les gens soient tranquillisés, parce qu'ils sont très inquiets et pour qu'ils aient chez eux ces comprimés."

Face au risque nucléaire, l'Agence internationale de l'énergie atomique réclame toujours de pouvoir accéder au site de la centrale le plus vite possible. Selon la conseillère du ministre ukrainien de l'Énergie, des experts de l'AIEA sont attendus sur place début septembre.

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