Guerre en Ukraine : Moscou et Kiev concluent un accord inédit pour relancer les exportations de céréales ukrainiennes par la mer Noire
Les Russes et les Ukrainiens ont signé, vendredi, deux textes identiques mais séparés, à la demande de l'Ukraine, qui refusait de parapher tout document avec le Kremlin.
Une ligne commune, mais chacun de son côté. L'Ukraine et la Russie ont signé avec la Turquie et les Nations unies, vendredi 22 juillet, à Istanbul, deux accords séparés sur l'exportation des produits agricoles via la mer Noire. Kiev avait refusé de signer directement le texte avec Moscou, qui s'est donc engagé sur un accord identique avec Ankara et le secrétaire général des Nations unies.
Aux termes de cet accord, des "couloirs sécurisés" permettront la circulation des navires marchands en mer Noire, que "les deux parties se sont engagées à ne pas attaquer", selon un responsable des Nations unies ayant requis l'anonymat. Face aux risques de mines, principalement posées par les Ukrainiens pour protéger leurs côtes, des "pilotes ukrainiens" ouvriront la voie aux cargos dans les eaux territoriales.
Des inspections des navires au départ et en direction des ports ukrainiens auront lieu sous le contrôle d'un centre de coordination multipartite, dans l'un des ports d'Istanbul. Il s'agit là de répondre aux inquiétudes de Moscou, qui veut avoir la garantie que les cargos n'apporteront pas d'armes à l'Ukraine.
Un accord valable quatre mois
L'Ukraine a suggéré que ses exportations commencent à partir de trois ports (Odessa, Pivdenny et Tchornomorsk) et espère pouvoir accroître leur nombre à l'avenir. L'accord sera valable pendant "120 jours", le temps de sortir les quelque 25 millions de tonnes entassées dans les silos d'Ukraine, alors qu'une nouvelle récolte approche.
En échange, la Russie a notamment obtenu la garantie que les sanctions occidentales ne s'appliqueraient pas, ni directement ni indirectement, à ses propres exportations de produits agricoles et d'engrais.
L'ONU demande une "pleine mise en œuvre"
Cet accord, âprement négocié depuis avril sous l'impulsion de l'ONU, va soulager les pays dépendants des marchés russe et ukrainien, qui représentent 30% du commerce mondial du blé à eux deux. Maintenant, l'accord "doit être pleinement mis en œuvre", a prévenu le secrétaire général de l'ONU, Antonio Gueterres. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a, lui, dit espérer que cette signature "renforce l'espoir de mettre fin à cette guerre".
Inédite entre ces pays en guerre, la cérémonie de signature s'est déroulée sous les drapeaux des protagonistes, ceux de la Russie et de l'Ukraine restant soigneusement séparés par les bannières bleue de l'ONU et rouge de la Turquie, qui s'offre en médiatrice depuis le début de l'invasion russe.
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