Guerre en Ukraine : les faits marquants du vendredi 4 mars
La Russie poursuit son offensive militaire de grande ampleur chez son voisin et tente de museler toute opposition.
Les combats se poursuivent en Ukraine, au neuvième jour de l'invasion russe. La ville de Marioupol se trouve dans une situation humanitaire "terrible", selon les mots de son maire, vendredi 4 mars. Par ailleurs, le sort de la centrale nucléaire de Zaporijia a retenu l'attention du monde entier, après un incendie survenu dans un bâtiment annexe, provoqué selon Kiev par des tirs russes. Le Kremlin, de son côté, monte d'un ton la répression contre les médias critiques de son action.
L'armée russe prend la centrale nucléaire de Zaporijia
"Nous avons survécu à une nuit qui aurait pu mettre un terme à l'histoire. L'histoire de l'Ukraine. L'histoire de l'Europe." Cette phrase du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, traduit l'angoisse ressentie par tout le pays après l'attaque de la centrale nucléaire de Zaporijia, désormais contrôlée par l'armée russe. Au cours de l'offensive, des tirs d'artillerie ont provoqué un incendie au sein d'un bâtiment annexe – un brasier finalement maîtrisé au petit matin par les pompiers ukrainiens.
>> Ce que l'on sait de l'attaque russe sur la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d'Europe
L'incendie n'a fait aucune victime grave, hormis deux agents de sécurité légèrement blessés. Le régulateur ukrainien du nucléaire a précisé à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) que le sinistre n'avait entraîné aucune fuite radioactive, et l'agence confirme pour l'instant que les niveaux de radioactivité sont inchangés sur le site de la centrale et dans ses environs. "L'attaque contre une centrale nucléaire démontre le caractère irresponsable de cette guerre et la nécessité d'y mettre fin", a réagi le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg.
Les combats se poursuivent à Tchernihiv, la situation est "terrible" à Marioupol
Les combats se poursuivent à Tchernihiv, au nord de Kiev, où l'Ukraine a accusé Moscou d'avoir bombardé une zone résidentielle et des écoles, faisant 47 morts, selon un nouveau bilan. Des tirs ont été entendus à Bucha, au nord-ouest de la capitale, où étaient visibles des blindés russes détruits. A l'est, de la fumée s'élevait d'entrepôts bombardés, ont pu voir des photographes de l'AFP. A quelque 350 km à l'est de Kiev, la situation est aussi devenue "un enfer" à Okhtyrka, et elle est "critique" à Soumy, selon les autorités locales.
Quant au port stratégique de Marioupol, au sud-est, où le maire a accusé jeudi les forces russes de vouloir instaurer "un blocus", la situation humanitaire est "terrible" après 40 heures de bombardements ininterrompus, y compris sur des écoles et des hôpitaux, a déclaré à la BBC le maire-adjoint de la ville, Sergueï Orlov.
La Russie durcit la répression contre les médias
Le Kremlin veut faire taire toutes les voix dissidentes. Depuis le début de l'offensive le 24 février, arrestations, fermetures des rares médias indépendants restants et nouveaux textes répressifs s'enchaînent. Vendredi, les autorités russes ont restreint l'accès aux sites de plusieurs médias : l'édition locale de la BBC, la radio-télévision internationale allemande Deutsche Welle, le site indépendant Meduza (basé à Riga), Radio Svoboda, antenne russe de RFE/RL, Voice of America.
Les députés russes ont également adopté un texte prévoyant des peines pouvant aller jusqu'à quinze ans de prison pour toute personne publiant des "informations mensongères" qui entraîneraient des "conséquences sérieuses" pour les forces armées. Alors que Moscou fait face à des sanctions économiques sans précédent infligées par les Occidentaux, un autre texte prévoit de pénaliser les "appels à imposer des sanctions à la Russie". Des perquisitions ont aussi eu lieu vendredi dans les locaux moscovites de l'emblématique ONG des droits humains Mémorial, la plus respectée du pays, après sa dissolution ordonnée par la justice, a indiqué Mémorial.
L'ONU lance une Commission d'enquête internationale
La Chine, le Venezuela et Cuba ont fait un pas de côté remarqué vis-à-vis de Moscou lors d'un vote historique à l'ONU, qui a abouti au lancement d'une enquête internationale sur les violations en Ukraine suite à l'invasion russe. C'est la première fois dans l'histoire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU (CDH) qu'une résolution vise directement la Russie. Sur les 47 Etats membres du CDH, seules l'Erythrée et la Russie ont voté contre la résolution proposée par Kiev. Le Venezuela et Cuba, habituels alliés de Moscou, ainsi que Pékin se sont abstenus, alors qu'ils avaient voté contre la tenue de ce débat urgent sur l'invasion.
"Le message adressé à Poutine a été clair : vous êtes isolé sur le plan international et le monde entier est contre vous", a déclaré l'ambassadrice ukrainienne Yevheniia Filipenko aux journalistes. Plus tôt dans la semaine, l'Assemblée générale des Nations unies avait déjà adopté par une écrasante majorité une résolution exigeant que la Russie "cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine", un vote salué comme "historique".
Pas de zone d'exclusion aérienne
Les membres de l'Otan ont rejeté la demande de Kiev de créer une zone d'exclusion aérienne en Ukraine. "La seule façon de mettre en œuvre une zone d'exclusion aérienne est d'envoyer des avions de chasse de l'Otan dans l'espace aérien de l'Ukraine, puis d'abattre des avions russes pour la faire respecter", a expliqué le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg. "Nous pourrions nous retrouver avec une guerre totale en Europe", a-t-il souligné. "L'Otan est alliance défensive. Nous ne voulons pas être partie prenante au conflit en Ukraine."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.