Guerre en Ukraine : les deux combats d'Olha, contre le cancer et pour faire revenir son mari prisonnier des Russes
Après plus de deux ans d'invasion russe, l'Ukraine redouble d'efforts pour tenir le coup dans la guerre. Vendredi 5 avril encore, au moins quatre personnes ont été tuées dans une frappe russe de missiles sur la grande ville de Zaporijjia, dans le sud du pays.
Tenir le coup, un défi encore plus dur à relever quand la vie vous impose d'affronter à la fois la guerre et la maladie. À Kiev, Olha se bat pour libérer son mari prisonnier de la guerre, mais bataille aussi en même temps contre un cancer.
Pull rose et grand sourire, cette jeune femme de 24 ans retire son foulard et dévoile ses cheveux très courts. Olha, 24 ans est atteinte d'un lymphome de Hodgkin et a déjà subi douze chimiothérapies. Un traitement qu'elle doit gérer sans son mari, prisonnier des Russes depuis sa capture à Marioupol il y a deux ans. "Tout ce que je sais de lui c'est qu'il n'est pas en bonne santé et qu'il a perdu beaucoup de poids", confie Olha.
Inquiétude partagée
Une inquiétude de chaque côté de leur couple puisque lui ne sait pas où en est le traitement du cancer d'Olha, diagnostiqué peu avant la guerre. Elle n'a pu dialoguer qu'une seule fois avec Ruslan, son mari, cet automne, lors d'un appel visio. "Il a vu que mes cheveux n'avaient toujours pas repoussé et il s'est rendu compte que quelque chose n'allais pas. Mais bien sûr je lui ai menti et je ne lui ai pas dit que j'avais du refaire toutes ces chimio. Il est dans de telles conditions de détention que je lui ai dit 'Ne t'inquiète pas, tout va bien'. Je crois qu'il a compris quand même, mais à ce moment là je voulais le soutenir le plus possible".
Olha raconte que tout est plus dur sans lui : "Rien que cuisiner. Cela semble peu, mais quand vous êtes malade c'est difficile." Elle trouve quand même l'énergie pour tenir. "Est-ce que si je m'assois et que je pleure cela le fera sortir de captivité ? Non. Est-ce que cela me rendra en meilleure santé ? Non plus", raisonne-t-elle à haute voix.
"Je me suis mise d'accord avec moi-même dès le départ : 'tu dois être forte ! Tu dois tout traverser et ton mari va revenir'."
Olha, Ukrainienne de 24 ansà franceinfo
Rester vivants
Déplacée de Berdyansk, Olha est aujourd'hui avec d'autres femmes de prisonniers et c'est auprès d'elles qu'elle puise aussi maintenant sa force. Car dans le 501e bataillon de son mari, 277 soldats ont été capturés au total. Ces femmes ont d'ailleurs lancé une page sur les réseaux sociaux : Union des femmes de prisonnier du 501e bataillon.
"Mon quotidien est un combat contre la maladie, pour libérer mon mari et pour alerter le reste du monde sur la situation de nos prisonniers de guerre", exlique Olha, montrant aussi son plus beau souvenir avec Ruslan : la photo de leur mariage. Une photo sur laquelle Olha avait les cheveux longs. Bientôt, une greffe de moëlle osseuse l'attend à Kiev. "Je ne sais pas ce que sera notre avenir", conclut-elle. Mais Olha a fait promettre à son mari de rester vivant. Lui est d'accord, à condition qu'à son retour ils fassent ensemble trois enfants.
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