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Guerre en Ukraine : "Le temps de la négociation n'est pas venu, mais le temps de la diplomatie" oui, estime l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin

Le travail diplomatique autour de la guerre en Ukraine est "insuffisant", juge lundi Dominique de Villepin sur France Inter.
Article rédigé par franceinfo - avec France Inter
Radio France
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Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, était l'invité de France Inter, le 20 février 2023. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

Presque un an après le début de l'invasion russe en Ukraine, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin estime lundi 20 février sur France Inter que "le temps de la négociation n'est pas venu, par contre le temps de la diplomatie est venu". L'ancien ministre des Affaires étrangères regrette que la diplomatie soit actuellement "l'angle mort de l'action des Européens". Jugeant "insuffisant" le travail diplomatique de Catherine Colonna, actuelle ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin appelle à "changer le rapport diplomatique" autour de la guerre en Ukraine. Il souhaite que cette "bataille [soit] beaucoup plus organisée et systématisée, y compris dans le cadre des Nations unies". "Il faut prendre son bâton de pèlerin et aller voir les pays un par un", plaide-t-il. 

L'ancien Premier ministre conseille à l'Occident de "regarder le monde, pas seulement de [son] point de vue, mais aussi avec le regard des peuples du monde". "Nous négligeons le fait qu'une grande partie du monde n'est pas convaincue par nos positions et ne s'intéresse pas aux combats menés aujourd'hui au cœur de l'Europe", déplore Dominique de Villepin. Selon l'ancien ministre, les Occidentaux ont négligé "la relation [de la Russie] avec la Chine", élément qui a pu "pousser Vladimir Poutine à intervenir" en Ukraine. Dominique Villepin semble d'ailleurs voir du côté de la Russie "un complexe", celui d'avoir "le sentiment qu'elle apporte peu dans cette alliance qui se profile". Il explique que Vladimir Poutine voulait ainsi "montrer que la Russie était capable d'un leadership mondial en matière de sécurité dans la bataille contre l'Occident". Dominique de Villepin redoute que ce "pari fonctionne", face au "sentiment anti-occidental très partagé", notamment en Afrique.

"Besoin de parler avec la Chine"

Dans ce contexte, Dominique de Villepin assure que la Russie n'a pas besoin de "marquer des points" sur le théâtre ukrainien. "Elle a besoin de geler la situation car le temps joue contre l'Ukraine et contre l'Europe, voire contre les États-Unis qui sont détournés de leur objectif majeur qu'est la Chine", fait-il valoir. Il juge d'autant plus "nécessaire" de mener "une bataille diplomatique à côté de la bataille militaire", que la Chine possède une "amitié illimitée" avec la Russie. L'ancien Premier ministre prévient d'ailleurs que si la Chine en venait à donner des armes au Kremlin, cela "changerait profondément le leadership de l'autre monde" et pourrait même "augmenter le risque de nouveaux fronts", notamment autour de l'Iran ou autour de la mer de Chine du Sud. "On a besoin aujourd'hui de parler avec les Chinois, il s'est passé depuis la crise du Covid un très long silence qui a sans doute pesé sur le regard que porte la Chine vis-à-vis du monde, sur l'égoïsme occidental", explique Dominique de Villepin. 

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