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Guerre en Ukraine : le secteur du tourisme, qui redémarrait à peine, subit un nouveau coup de frein

Alors que les réservations pour les vacances d'été avaient bien commencé, les professionnels sentent à nouveau des blocages. Les voyageurs hésitent à partir face à la situation incertaine en Europe et à l'augmentation du prix des billets d'avion.

Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Au salon du tourisme, Porte de Versailles, à Paris, jeudi 17 mars 2022. (SOPHIE AUVIGNE / FRANCE-INFO)

Dans les allées du salon du tourisme, Porte de Versailles à Paris, Gérard et Joëlle sont indécis. Le couple est à la recherche d'une destination de vacances : "Je suis un peu étonné de voir la Roumanie juste derrière vous, glisse Gérard. 

"Qui va aller en ce moment en Roumanie ? Ce n'est pas évident."

Gérard, visiteur du salon du tourisme

à franceinfo

"On voudrait un peu savoir ce qu'ils vont nous montrer parce que ça restreint les possibilités de voyage en ce moment", ajoute-t-il. Les professionnels du tourisme s'attendent en effet à ce la guerre menée par la Russie en Ukraine dissuade les voyageurs de se rendre en Europe de l'Est.

5 000 euros pour aller en Chine

Gérard a bien une idée de destination mais ça ne rentre pas dans son budget : "Il y a quelques années, on est allé en Chine. On aimerait bien y retourner. On sait qu'actuellement, il faut cinq heures de plus, car l'avion ne peut plus survoler la Russie. Maintenant, d'après ce que dit Air France, on peut discuter à partir de 5 000 euros. C'est dissuasif. Ce n'est même pas la peine." 

Martine aimerait, elle, partir au Japon mais là aussi, le trajet prend deux ou trois heures de plus, depuis que la France et l'Union européenne ont décidé d'interdire le survol de l'espace aérien russe : "forcément, il faut un pilote supplémentaire, du carburant en plus. Et les tarifs, ça risque d'augmenter, au moins 20% en plus, je pense".

Les tarifs s'envolent aussi pour Claudine et son beau circuit touristique, du Canada jusqu'aux États-Unis. Elle n'a pas pu partir tout de suite et il lui faut revoir son programme : "Pour le même voyage, c'est 300 euros de plus par personne. Du coup, on a vu pour faire ce même circuit, à l'exception d'une ville, pour rester dans le budget".

Les pays chauds ont la cote

Les demandes sont là pour Lidl Voyages mais elles ont changé depuis l'invasion russe en Ukraine, selon Michel Biéro, directeur exécutif France du voyagiste : "On peut parler d'un déplacement dans les demandes, plutôt vers l'Europe du Sud et vers les pays un peu plus ensoleillés : Cuba, les Caraïbes, mais aussi les États-Unis, l'Espagne. Je crois qu'on n'a jamais eu autant de demandes pour aller au Maroc que ces dernières semaines. Il y a entre 20 et 30% de demandes supplémentaires."

"C'est sûr que la Hongrie, la République tchèque, c'est les pays qui sont moins demandés aujourd'hui."

Michel Biéro, directeur exécutif France de Lidl Voyages

à franceinfo

La plupart des agences de voyage affichent de nouveaux tarifs. Dix euros supplémentaires par heure de vol au moment où les Français commençaient à réserver leurs vacances. Marianne Chandernagor, directrice du salon du tourisme, note une frilosité : "Ça repartait très fort sur février. Et là, c'est vrai que depuis trois semaines, il y a eu un mouvement de frein. Les agences sont beaucoup moins visitées par les voyageurs. Ils ont envie de partir, ils demandent des devis, mais ils ont du mal à confirmer tout de suite leurs voyages." Il y aurait déjà un quart de réservations en moins, selon les agences de voyage.

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