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Guerre en Ukraine : la Moldavie fait un "effort admirable" dans l'accueil des réfugiés, souligne Nathalie Loiseau

L'eurodéputée Renew a pointé sur franceinfo vendredi "une solidarité et une générosité [en Moldavie] qui est vraiment digne d'éloges", dans le cadre de la guerre en Ukraine. Elle a rappelé que le pays accueille actuellement 100 000 réfugiés ukrainiens. 

Article rédigé par franceinfo
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Nathalie Loiseau à l'Élysée le 6 septembre 2021. (LUDOVIC MARIN / AFP)

“L'effort que fait la Moldavie est absolument admirable” dans l'accueil de réfugiés ukrainiens, a souligné vendredi 1er avril sur franceinfo Nathalie Loiseau. L'eurodéputée Renew est à Chisinau, la capitale moldave. Au total, 350 000 réfugiés ont été accueillis dans ce petit pays coincé entre la Roumanie et l'Ukraine depuis le début de la guerre et 100 000 Ukrainiens y sont restés. "Ça ne peut pas durer très longtemps", a cependant prévenu l'élue européenne.

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franceinfo : Comment se déroule l’accueil des réfugiés ukrainiens ?

Nathalie Loiseau : L'effort que fait la Moldavie est absolument admirable. Le pays le plus pauvre du continent européen accueille 100 000 femmes et enfants ukrainiens. La moitié des réfugiés ont moins de 18 ans. J'étais tout à l'heure au poste frontière de Palanca, tout près d'Odessa, où des réfugiés arrivent tous les jours. Les Moldaves font tout ce qu'ils peuvent pour leur apporter du réconfort d'abord. Les réfugiés sont essentiellement accueillis chez des habitants. Aujourd'hui, les organisations internationales sont là alors qu'elles ne l'étaient pas au début. Heureusement, l'Union européenne aide les garde-frontières, qui ont énormément de travail pour enregistrer tout le monde. C'est un effort de solidarité et de générosité qui est vraiment digne d'éloges. J'étais là à la fois pour me rendre compte et puis pour voir comment l'Union européenne peut davantage aider un pays qui est pauvre et soumis à un chantage permanent de la Russie parce qu'il en dépend à 100% pour son gaz.

Vous témoignez de cette solidarité remarquable mais la situation, dans ces conditions, est-elle durable pour la Moldavie ?

Ça ne peut pas durer très longtemps. Les Moldaves, comme les réfugiés, sont inquiets. Pour le moment, il y a une forme de répit dans la région d'Odessa. Il y a d'ailleurs des réfugiés qui retournent à Odessa pour reprendre un peu plus d'affaires parce qu'ils sont partis en catastrophe. Ils reviennent en Moldavie après. La crainte est que les annonces faites par le régime russe ne soient pas suivies d'effets, que la guerre reprenne à l'ouest et au sud. Là, ce serait peut-être 100 000 réfugiés d’un seul coup. Au tout début de la guerre, ils arrivait à peu près 12 à 15 000 par jour et par poste frontière. Il faut donc absolument non seulement qu'on aide la Moldavie à faire face, mais que ces réfugiés puissent être répartis ailleurs en Europe.

À quoi aspirent ces réfugiés ? Rester en Moldavie, proche de leur pays, ou partir plus à l'ouest ?

C’est variable. Certains restent en Moldavie avec l'espoir que si les choses se calment, ils puissent rentrer le plus vite possible. Ils témoignent qu'à Odessa la police fait son travail, les services publics marchent comme ils peuvent. Mais en même temps, les gens font des queues épouvantables pour essayer de se nourrir. Le prochain enjeu, c'est de pouvoir faire passer de l'aide humanitaire vers Odessa. Ça commençait tout juste vendredi. D'autres veulent aller plus loin : certains sont déjà partis en Roumanie. Ils essaient de partir ailleurs, le cœur serré. Ce ne sont pas des gens qui ont quitté leur pays de gaieté de cœur, qui rêvent de s'installer ailleurs. Ils rêvent de retourner en Ukraine mais ils ont très peur que ce ne soit pas avant très longtemps.

Face à cette situation, que peut faire l'Union européenne ?

Nous devons soutenir les pays qui sont en première ligne : la Roumanie, la Pologne, la Slovaquie... Et aussi la Moldavie, qui elle n'est pas dans l'Union européenne. Nous avons commencé à la soutenir et il faut probablement faire davantage parce que c'est vraiment un petit pays. C'est un soutien financier parce qu'il y a une inflation galopante : les prévisions sont de 30% dans l'année. Cela est dû au fait que Gazprom, qui est l'unique fournisseur de gaz en Moldavie, a fait flamber les prix et menace de couper le robinet en mettant en avant une dette moldave. On sent bien que c'est une volonté de chantage sur ce pays, qui subit en plus une désinformation massive de politiciens et de médias moldaves proches de Vladimir Poutine. Ils diffusent toute la journée de la propagande qui dit que "c'est l'Otan qui a menacé la Russie, que sont des néonazis qui dirigent l'Ukraine". Tout ce qu'on a aussi entendu, malheureusement, dans notre pays. C'est un poison épouvantable.

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