Guerre en Ukraine : la candidature de Kiev pour adhérer à l'UE divise les pays européens
En visite à Kiev samedi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a promis d'apporter une réponse "la semaine prochaine" aux ambitions européennes de l'Ukraine.
Elle a promis une réponse imminente. Pourtant, la question ne semble pas près d'être tranchée. En visite surprise à Kiev samedi 11 juin, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est engagée à donner une réponse "la semaine prochaine" quant aux ambitions de l'Ukraine de se porter candidate à l'adhésion à l'UE. "Nous voulons soutenir l'Ukraine dans son parcours européen", a-t-elle déclaré lors d'une courte conférence de presse après son entretien avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
> > Guerre en Ukraine : suivez toute l'actualité du conflit dans notre direct
"Les discussions d'aujourd'hui vont nous permettre de finaliser notre évaluation d'ici la fin de la semaine prochaine", a-t-elle ajouté, soulignant que les autorités ukrainiennes ont "fait beaucoup" en vue d'une candidature, mais qu'il y a "encore beaucoup à faire", notamment dans la lutte anticorruption. Et le chemin qui reste à parcourir ne sera pas long uniquement du côté ukrainien. Car l'adhésion à l'UE nécessite un accord unanime de tous les pays membres. Et à ce stade, les 27 restent divisés sur la question.
Huit pays de l'Est favorables à une procédure accélérée
Plusieurs pays, principalement situés en Europe de l'Est, soutiennent sans réserve une adhésion de l'Ukraine. Le 28 février, quatre jours après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, huit d'entre eux – la République tchèque, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, l'Estonie, la Pologne, la Slovaquie et la Slovénie – avaient appelé dans une lettre ouverte à ouvrir les discussions sur une adhésion de l'Ukraine. "Nous, les présidents des États membres de l'UE (...) sommes fermement convaincus que l'Ukraine mérite de recevoir une perspective d'adhésion immédiate à l'UE", écrivaient-ils.
Parmi ces dirigeants, le président polonais, Andrzej Duda, qui a plaidé le 22 mai pour une adhésion de l'Ukraine à l'UE, promettant qu'il ne relâcherait pas ses efforts "tant que l'Ukraine n'est pas membre de l'Union européenne". "Il faut respecter" les peuples qui "versent leur sang" pour appartenir à l'Europe, "même si la situation est compliquée, même s'il y a des doutes. Je n'ai aucun doute que l'Union européen fera un tel geste" envers l'Ukraine, avait-il souligné au cours d'une conférence de presse. Son homologue lituanien, Gitanas Nauseda, s'était également inquiété d'un "manque de volonté politique" pour faire entrer rapidement l'Ukraine dans l'UE.
La France et l'Allemagne réservées sur la question
Car certains membres, comme les Pays-Bas ou le Danemark, mais aussi l'Allemagne et la France, qui préside l'UE jusqu'à fin juin, sont plus réservés. A l'image du président français, qui entretient une position ambiguë sur la question. "Est-ce que nous pouvons ouvrir une procédure d’adhésion avec un pays en guerre ? Je ne le crois pas", avait déclaré Emmanuel Macron le 10 mars à Versailles (Yvelines), sans toutefois écarter toute possibilité d'adhésion à une institution européenne. Lors de la Journée de l'Europe, le 9 mai, le président français a proposé d'intégrer l'Ukraine dans une nouvelle "communauté politique européenne", aux côtés d’autres "nations démocratiques" du Vieux continent, comme le Royaume-Uni.
Durant cette même journée, le président français avait tenu des propos qui ont rafraîchi les relations entre Kiev et Paris. "Il ne faut pas humilier la Russie, pour que le jour où les combats cesseront, nous puissions bâtir un chemin de sortie diplomatique", a-t-il réitéré vendredi 3 juin devant l'ensemble de la presse quotidienne régionale française. Côté allemand, le 19 mai, le chancelier Olaf Scholz avait affirmé devant le Parlement allemand qu'il n'était pas favorable à l'octroi à l'Ukraine d'un "raccourci" en vue d'une adhésion à l'UE, rapporte Euronews.
Une réserve qui n'est pas du goût du Premier ministre italien et ex-président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi. Lors du dernier Conseil européen fin mai, le chef du gouvernement italien a même asséné : "Quasiment tous les grands Etats de l'Union européenne sont opposés au statut de candidat, à l'exception de l'Italie".
Même si l'Ukraine obtient le "statut de candidat", cela lancera un processus de négociations et de réformes potentielles qui pourrait prendre des années, voire des décennies, avant qu'elle ne soit sur le point d'entrer dans l'UE.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.