Guerre en Ukraine : en Russie, la presse pro-Kremlin jubile devant les difficultés rencontrées par Kiev
Pour le pouvoir russe et ses relais médiatiques, la presse occidentale est une machine à "fake news". Sauf lorsque cela peut contribuer à asseoir le discours du Kremlin. Ainsi, les informations publiées dans les médias occidentaux faisant état d'un échec de la contre-offensive ukrainienne ou de tiraillements au sommet du pouvoir à Kiev ne sont pas passées inaperçues à Moscou. Et rapidement, les médias pro-pouvoir en Russie se sont jetés dessus, accréditant le discours et la stratégie du Kremlin, qui estime que le temps est de son côté.
Et c'est le cas notamment de l'interview fin octobre du commandant en chef de l'armée ukrainienne, Valery Zaloujny, à The Economist, abondement commentée en Russie. Le fait que le plus haut gradé ukrainien admette qu'il n'y aura pas de percée majeure et que les positions sont figées est pour les journaux russes, la preuve que ce qu'affirme le Kremlin depuis des semaines est vrai. Mieux, les médias pro-gouvernementaux y lisent un affaiblissement du soutien de l'Occident à Kiev. IIs en veulent pour preuve les informations de la chaîne américaine NBC, selon lesquelles Washington tenterait de convaincre Volodymyr Zelensky de négocier avec Moscou, ce qu'il a démenti.
Le président ukrainien est par ailleurs décrit comme isolé, en conflit avec ses conseillers dans un récent article du magazine Time, là aussi largement repris en Russie. Les médias russes y voient une fragilisation du pouvoir à Kiev et certains journaux parlent même, carrément, de possibilité de coup d'Etat militaire en Ukraine.
A Moscou, on est sûr que le temps joue pour la Russie
Reste que tous ces articles émanent de médias complètement alignés sur le Kremlin, dans le contexte russe où dire ou écrire quelque chose qui n'est pas parfaitement conforme aux communiqués du ministère de la Défense peut vous conduire en prison. Il y a aussi probablement volontairement ou non des biais d'analyse de la part de la presse russe, qui assimile souvent un média à son gouvernement. Comprenez : si la presse américaine publie quelque chose d'un tant soit peu critique à l'égard de l'Ukraine, c'est que Washington lâche Kiev.
Ceci dit, ce que montre cette séquence, c'est aussi que, lorsque le Kremlin disait ces derniers mois que la contre-offensive ukrainienne était un échec et qu'elle était contenue, il disait vrai. Même s'il ne disait pas tout, et notamment du côté des pertes humaines côté russe. Tout cela s'inscrit aussi dans le cadre d'une stratégie de plus en plus assumée côté russe, dans les médias ou chez certains politiques, qui est que le temps joue pour la Russie. Ainsi, à Moscou, on est convaincu que plus ce conflit s'éternisera, plus ce sera compliqué pour les Ukrainiens. Et plus la Russie sera en position de force au moment de négocier...
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