Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de l'offensive russe à Avdiïvka
Alors que l'hiver approche et que la contre-offensive ukrainienne patine, l'armée russe a lancé le 10 octobre un assaut surprise pour s'emparer de la ville d'Avdiïvka, située à une quinzaine de kilomètres au nord de Donetsk. Mais dans cette région du Donbass, dans l'est du pays, les troupes de Moscou progressent lentement et se heurtent à une forte résistance ukrainienne. Kiev affirme avoir repoussé les attaques russes. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de cette offensive menée par Moscou.
Moscou veut prendre le contrôle
D'après l'Institute for the Study of War (ISW), qui suit au quotidien l'évolution du front, l'armée russe a lancé une offensive d'ampleur le 10 octobre dernier. "Des images géolocalisées (...) confirment que les troupes russes ont avancé au sud-ouest, près de Sieverne, et au nord-ouest d'Avdiïvka, près de Stepove", assurent les analystes de l'ISW dans leur note du 11 octobre.
Pour l'ancien général Dominique Trinquand, expert en relations internationales interrogé sur franceinfo, ces manœuvres russes sur deux axes visent à encercler la ville et ses défenseurs. Selon lui, la prise de cette cité industrielle permettrait aux Russes "d'éloigner la menace de l'artillerie ukrainienne de Donetsk". "Il s'agit probablement de l'opération offensive la plus importante menée par la Russie depuis au moins janvier 2023", analyse aussi le ministère de la Défense britannique, le 17 octobre, dans un communiqué publié sur X (ex-Twitter).
La ville est disputée depuis 2014
Pour Moscou, il s'agit également de remporter une victoire symbolique. Cet assaut sur la ville intervient après quatre mois d'une difficile contre-offensive ukrainienne dans l'est et le sud du pays. "La conquête russe d'Avdiïvka servirait un double narratif en disant : 'Les Ukrainiens ont échoué dans leur contre-offensive et nous, on a réussi là où on avait échoué en 2014'", explique Dominique Trinquand.
En effet, en 2014, au début de la guerre du Donbass, les séparatistes prorusses, soutenus par le Kremlin, avaient brièvement pris le contrôle d'Avdiïvka. Ils en avaient été chassés par les forces ukrainiennes quelques semaines plus tard.
Depuis, la ville, construite autour d'une immense cokerie, se trouve sur la ligne du front. Les combats ont poussé à l'exode la majeure partie de la population. Selon la mairie, seuls 1 600 habitants vivent encore à Avdiïvka contre 30 000 avant la guerre.
Kiev défend ses positions mordicus
Le président Volodymyr Zelensky a reconnu dimanche soir une situation délicate. "Les zones d'Avdiïvka et de Marinka sont particulièrement difficiles. De nombreuses attaques ont été menées par les Russes. Mais nos positions sont protégées", a-t-il précisé. Deux jours plus tôt, l'armée ukrainienne avait affirmé avoir repoussé un nouvel assaut russe. "L'ennemi a réitéré ses attaques et n'abandonne pas ses tentatives d'encercler Avdiïvka", avait déclaré l'état-major sur Facebook.
Dans son rapport du 20 octobre sur l'évolution de la ligne de front, l'Institute for the Study of War avait estimé que les forces russes continuaient à resserrer leur étau sur la ville. D'après l'organisme non-gouvernemental basé aux Etats-Unis, les troupes de Moscou sont parvenues à gagner du terrain et à obtenir des avancées territoriales "mineures" au nord d'Avdiïvka.
En visite le 19 octobre, le commandant en chef de l'armée ukrainienne Valery Zalouzhny avait détaillé les moyens employés par l'armée russe dans cette zone : "L'ennemi utilise activement des unités d'assaut, lance un grand nombre de blindés et a recours à l'aviation et à l'artillerie".
La Russie a subi de lourdes pertes
Malgré une mobilisation importante de moyens, l'armée russe est mise en difficulté et chaque avancée s'effectue au prix de lourdes pertes. Dans son rapport matinal du 20 octobre, l'état-major de l'armée ukrainienne affirmait que l'armée russe avait perdu environ 900 hommes – tués ou blessés – et 150 blindés en vingt-quatre heures. Aucune estimation concernant les pertes ukrainiennes n'a été communiquée tant par les autorités russes que locales.
Ces pertes ne découragent pas l'état-major russe. D'après l'ISW, dans sa note du 22 octobre, de nouvelles unités russes sont transférées vers le front Adviïvka, "malgré les difficultés persistantes liées aux assauts mécanisés frontaux et l'échec de la poussée du 19 et 20 octobre".
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