Guerre en Ukraine : ce qu’il faut retenir de la tournée de Volodymyr Zelensky en Europe
Une mini-tournée européenne surprise. Pour la première fois depuis le début de la guerre avec la Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu au Royaume-Uni et en France, mercredi, ainsi qu'à Bruxelles jeudi 9 février. Il a notamment rencontré le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, et le roi Charles III à Londres, le président français et le chancelier allemand à Paris, et les chefs d'Etat des 27 pays de l'UE à Bruxelles. Voici ce qu'il faut retenir de cette tournée inédite très politique.
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Une demande pressante pour obtenir des avions de combat
"Nous avons très peu de temps." A Londres, comme à Bruxelles et à Paris, Volodymyr Zelensky a martelé le même message à ses alliés européens. "Plus tôt l'Ukraine obtient de l'armement lourd de longue portée, plus tôt nos pilotes obtiennent des avions, plus vite se terminera cette agression russe", a lancé le président ukrainien.
Jusqu'ici, les Occidentaux se sont montrés réticents à franchir ce pas supplémentaire dans l'aide militaire à leur partenaire, de crainte d'une escalade avec Moscou. Mais les tabous tombent les uns après les autres depuis un an et les soutiens de Kiev ont déjà accepté en janvier de fournir des chars lourds.
Côté britannique, le message a bien été reçu et la porte semble ouverte. Le Premier ministre Rishi Sunak a ainsi promis de former des pilotes de chasse "aux normes de l'Otan". Souriant, son invité a rétorqué que les pilotes ukrainiens, au vu leur expérience de la guerre, avaient déjà suivi l'équivalent de "deux ans et demi" de formation. Le chef du gouvernement britannique a également demandé à l'armée britannique d'étudier de possibles livraisons d'avions. Une solution envisageable seulement "à long terme", selon Rishi Sunak.
Côté français et allemand, les réticences sont plus grandes. Devant la presse, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont temporisé sur la question des avions. Le chancelier s'est borné à lui assurer que les alliés soutiendraient son pays, notamment militairement, "aussi longtemps que nécessaire". A ses côtés, Emmanuel Macron a promis de poursuivre "l'effort" de "livraisons de matériel de défense", sans apporter plus de précision.
L'engagement franco-allemand à soutenir l'Ukraine "vers la victoire"
"La Russie ne peut ni ne doit l'emporter." Ces mots ne sont pas signés de Volodymyr Zelensky, mais bien d'Emmanuel Macron. Le président français a profité de la visite surprise de son homologue ukrainien à Paris pour rappeler et afficher son soutien à Kiev. "Nous nous tenons aux côtés de l'Ukraine. Fermement. Et avec la détermination de l'accompagner vers la victoire et le rétablissement de ses droits légitimes", a-t-il dit, après de longues accolades à l'Elysée.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a également assuré au président ukrainien que les alliés continueraient de soutenir son pays pour repousser l'invasion russe. "Nous nous sommes engagés aux côtés de l'Ukraine (...) et nous avons également soutenu l'Ukraine par le biais d'aide financière, d'aide humanitaire et de l'armement, de l'artillerie lourde, de la défense antiaérienne et, plus récemment, de la livraison de chars de combat, et nous continuerons à le faire aussi longtemps que nécessaire", a assuré le chancelier allemand lors d'une conférence de presse.
Des livraisons de chars prévues dès "le mois prochain"
Si les avions européens ne décolleront pas tout de suite pour l'Ukraine, les chars, eux, devraient bientôt arriver dans le pays. Volodymyr Zelensky a ainsi visité, mercredi, un site du sud de l'Angleterre où des soldats ukrainiens sont formés au maniement de chars Challenger 2 britanniques. L'occasion pour le Premier ministre britannique d'annoncer que ces véhicules lourds seraient opérationnels dès "le mois prochain" en Ukraine.
De son côté, l'Allemagne compte pouvoir former avec ses alliés et fournir à l'Ukraine un premier bataillon de chars Leopard 2 d'ici avril, a déclaré à Varsovie le ministre allemand de la Défense, peu avant la rencontre entre Olaf Scholv et Volodymyr Zelensky. La veille, les ministres de la Défense de l'Allemagne, des Pays-Bas et du Danemark ont annoncé que l'Ukraine allait recevoir "dans les prochains mois" au moins cent chars Leopard 1 A5.
Un certain flou règne toutefois toujours sur les pays volontaires pour envoyer des chars Leopard 2 à l'Ukraine, sur le nombre de chars qu'ils consentent à fournir et sur la date à laquelle ces blindés pourraient être opérationnels.
Volodymyr Zelensky honoré par la France
Une cérémonie symbolique. Mercredi, dans la soirée, Emmanuel Macron a remis à Volodymyr Zelensky la grand-croix de la Légion d'honneur. Il s'agit de la plus haute distinction qu'un président français puisse décerner à un homologue.
Cet honneur vient marquer le rapprochement entre les deux présidents, dont les relations s'étaient distendues après les déclarations d'Emmanuel Macron sur le fait de ne pas "humilier la Russie". "Je crois qu'il a changé. Et qu'il a changé pour de vrai cette fois", a déclaré Volodymyr Zelensky dans un entretien au Figaro. "Après tout, c'est lui qui a ouvert la porte aux livraisons de chars. Il a aussi soutenu la candidature de l'Ukraine dans l'UE. Je crois que c'était un vrai signal."
Les remerciements "personnels" de Zelensky à l'UE
"Je vous remercie personnellement de ce soutien sans faille à mon pays." Volodymyr Zelensky a salué l'engagement de l'Union européenne au côté de l'Ukraine lors d'un sommet à Bruxelles, jeudi. "Une Europe libre ne peut s'imaginer sans l'Ukraine, a ajouté le président ukrainien. Plus nous serons soudés, plus forts nous serons."
Dans la matinée, Volodymyr Zelensky avait d'abord été accueilli par les eurodéputés qui lui ont réservé une standing ovation. Manifestement ému, la main sur le cœur, il a écouté l'hymne ukrainien au côté de la présidente du Parlement, Roberta Metsola, qui a salué "une journée historique pour l'Europe". "Bienvenue chez vous, bienvenue dans l'UE !", lui avait lancé plus tôt le président du Conseil européen, Charles Michel.
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