Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir de la journée du mardi 22 octobre
La population en Ukraine a diminué de 8 millions de personnes depuis l'invasion russe en février 2022, qui a provoqué un exode et une baisse du taux de fécondité, a rapporté l'ONU, mardi 22 octobre. Au même moment, de nouvelles frappes faisaient plusieurs morts dans le nord-est et l'est de l'Ukraine. Voici ce qu'il faut retenir de la journée.
Cinq morts dans le nord-est et l'est de l'Ukraine
La Russie a intensifié dernièrement ses frappes dans le nord-est de l'Ukraine, en réponse à l'offensive surprise ukrainienne lancée début août dans la région russe de Koursk, située de l'autre côté de la frontière. Deux adultes et un enfant ont été tués mardi dans une attaque nocturne sur la ville de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, et deux autres civils dans une attaque séparée dans la région de Donetsk (est), ont rapporté les autorités ukrainiennes. Dans la matinée, une autre attaque russe a ciblé des immeubles résidentiels et une infrastructure dite "essentielle" dans la ville, a ajouté l'administration de la région de Soumy.
"Cette terreur russe ne peut être vaincue que par l'unité avec le monde", a lancé sur Telegram le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il a appelé à nouveau ses alliés occidentaux à livrer à son pays davantage de systèmes de défense aérienne, à autoriser l'armée ukrainienne à frapper des cibles militaires en profondeur en Russie et à investir dans la production d'armements en Ukraine.
Par ailleurs, les soldats russes ont réussi à franchir un canal, ligne de défense naturelle importante à Tchassiv Yar, place forte de l'est de l'Ukraine, où Moscou continue son avancée, a annoncé mardi un responsable de l'armée ukrainienne. "L'ennemi a réussi à percer notre ligne de défense, mais il n'y a pas de défaillance critique et nous ne sommes pas sur le point de perdre Tchassiv Yar", a déclaré à la télévision nationale le militaire Ivan Petrytchak, porte-parole de la 24e brigade ukrainienne.
Un mort dans une ville contrôlée par les forces russes
Un homme a été tué dans une attaque de drone ukrainien dans la ville d'Enerhodar, en Ukraine, contrôlée par les forces russes et située près de la centrale nucléaire de Zaporijjia, a affirmé mardi le gouverneur régional installé par Moscou, Evguéni Balitski. "Les terroristes de Kiev attaquent avec des drones des sites de l'infrastructure de la ville d'Enerhodar et le territoire à proximité de la centrale nucléaire", a affirmé Evguéni Balitski sur Telegram. "Il n'y a pas d'électricité dans la ville. Selon les données préliminaires, une personne a été tuée", a-t-il dit, en appelant la population à "se réfugier dans les abris et ne pas sortir dehors". L'homme, employé d'une station-service, a été tué par des éclats de drone, a-t-il précisé plus tard.
La population ukrainienne a diminué de 8 millions depuis 2022
La population en Ukraine a fortement chuté depuis l'invasion russe en février 2022, a rapporté mardi l'ONU. "Dans l'ensemble, la population de l'Ukraine a diminué d'environ 10 millions depuis 2014 et d'environ 8 millions depuis le début de l'invasion à grande échelle en 2022", a précisé la directrice régionale de l'UNFPA, Florence Bauer. L'UNFPA précise que la population en Ukraine s'élève cette année à 35 millions d'habitants, contre 43 millions en 2022 et 45 millions en 2014, année durant laquelle la Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée.
Lors d'un point de presse à Genève, Florence Bauer a expliqué que ce recul était lié à une "combinaison de facteurs", en plus de l'exode provoqué par l'invasion. "Avant même l'escalade de la guerre, l'Ukraine était confrontée à d'importants défis démographiques", a-t-elle ajouté. "Le pays avait l'un des taux de natalité les plus bas d'Europe. Un grand nombre de personnes avaient déjà quitté le pays pour saisir toutes les opportunités qui s'offraient à elles. La population vieillissait et la population totale diminuait", a-t-elle détaillé.
Des milliards pour l'Ukraine financés par les profits dégagés par les avoirs russes gelés
Les dirigeants du G7 se sont entendus en juin dans l'objectif d'utiliser les intérêts générés par les avoirs russes gelés dans leurs juridictions, afin de garantir un prêt de 50 milliards de dollars en faveur de l'Ukraine. Dans ce cadre, Washington devrait contribuer à hauteur de 20 milliards de dollars au prêt à l'Ukraine promis, selon la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, évoquant une finalisation d'ici à la fin de l'année.
De son côté, le Parlement européen a voté mardi en faveur de l'octroi d'un prêt pouvant aller jusqu'à 35 milliards d'euros en faveur de l'Ukraine, également financé par les profits dégagés par les avoirs russes gelés en Europe. Le texte a été adopté par 518 voix pour, 56 contre et 61 abstentions. "La Russie doit payer pour la destruction de l'Ukraine", a affirmé la rapporteure du texte voté, l'eurodéputée suédoise Karin Karlsbro (Renew, libéraux). Le Royaume-Uni a, lui, annoncé qu'il contribuerait à hauteur de 2,26 milliards de livres (2,71 milliards d'euros) au prêt global du G7.
Face aux Occidentaux, Poutine affiche son entente avec les Brics
Ce sommet réunit autour de Vladimir Poutine une vingtaine de dirigeants et vise à démontrer l'échec de la stratégie occidentale d'isolement du président russe pour prix de son offensive en Ukraine. Le président russe a affiché, mardi, son entente avec les pays des Brics, à l'occasion du sommet de ce groupe auquel appartiennent notamment la Chine et l'Inde. Il a multiplié les rencontres tout au long de la journée à Kazan, en Russie, s'entretenant tour à tour avec les dirigeants indien, sud-africain ou encore avec son grand partenaire asiatique, le président chinois Xi Jinping.
"La coopération russo-chinoise sur la scène internationale est l'un des facteurs de stabilité mondiale", a estimé Vladimir Poutine au début de cette rencontre avec Xi Jinping. Dans un contexte international "chaotique", "l'amitié profonde qui unit la Chine et la Russie de génération en génération ne changera pas", a assuré en retour le chef de l'Etat chinois. Vladimir Poutine avait auparavant loué, devant le Premier ministre indien Narendra Modi, l'excellence des relations entre leurs pays, tant diplomatiques que commerciales. "Nous croyons que les conflits ont vocation à être réglés uniquement pacifiquement. Nous soutenons totalement les efforts pour rétablir rapidement la paix et la stabilité", a déclaré Narendra Modi, dont le pays, comme la Chine, n'a jamais condamné l'offensive russe en Ukraine.
Le procureur général ukrainien démissionne après des accusations de corruption
Le procureur général d'Ukraine, Andriy Kostine, a annoncé mardi sa démission après qu'une enquête des services de sécurité a révélé un système de corruption à grande échelle qui aurait permis à des responsables de son administration d'éviter l'enrôlement dans l'armée. "Beaucoup de faits d'abus honteux ont été découverts" au sein du parquet en Ukraine, a écrit Andriy Kostine. "Dans cette situation, je considère qu'il est juste d'annoncer ma démission."
Dans la foulée, le président Volodymyr Zelensky, qui a participé à une réunion du Conseil de sécurité nationale sur cette question, a déclaré que "le système des commissions d'experts médicaux et sociaux devrait être supprimé". Selon lui, "il existe des centaines de cas d'invalidité manifestement injustifiés" parmi les fonctionnaires des douanes, des impôts ou des administrations locales. L'enquête des services de sécurité a également fait état de responsables de "différents organes étatiques" ayant déclaré des "handicaps fictifs" afin d'éviter d'être mobilisés dans l'armée.
La Pologne ferme un consulat russe
Le ministre des Affaires étrangères polonais a annoncé la fermeture du consulat russe à Poznan. "J'ai des informations selon lesquelles la Russie est derrière les tentatives de sabotage en Pologne et dans des pays alliés. J'ai donc pris la décision de retirer au consulat de la Fédération de Russie l'autorisation d'opérer à Poznan", a déclaré Radoslaw Sikorski. Le personnel du consulat sera considéré "non grata" en Pologne, a-t-il ajouté, appelant la Russie à cesser "la guerre hybride contre la Pologne et ses alliés". Si pourtant la Russie "poursuit, nous nous réservons le droit de prendre d'autres mesures fermes", a encore déclaré le ministre. La Pologne, allié fidèle de l'Ukraine, accuse régulièrement la Russie d'actes de sabotage et d'espionnage. Moscou a immédiatement promis "une réponse douloureuse" à la Pologne.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.