Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir de la journée du 25 janvier
Volodymyr Zelensky réclamait aux alliés occidentaux de l'Ukraine des chars lourds depuis plusieurs mois. Mercredi 25 janvier, les appels du président ukrainien semblent avoir été entendus. Après des semaines d'hésitations, les Etats-Unis et l'Allemagne ont annoncé la livraison de chars lourds à l'Ukraine, traduisant un soutien occidental encore accru à Kiev dans la perspective d'une possible contre-offensive à l'invasion russe. Voici ce qu'il faut retenir de cette journée.
Des annonces de livraisons de chars lourds à Kiev
Après un échange par téléphone dans la matinée entre les chefs d'État américain, français, allemand, britannique et italien, plusieurs annonces concernant la livraison d'engins lourds ont été officialisées.
L'Allemagne a d'abord annoncé la livraison à l'Ukraine 14 chars Leopard 2A6, provenant des stocks de la Bundeswehr. Dans le même temps, Berlin a autorisé les pays qui le souhaitent à fournir à Kiev les blindés qu'ils détiennent - jusqu'ici, seul le Royaume-Uni avait déjà annoncé la livraison à l'Ukraine de 14 chars lourds, des Challenger 2 -. La Norvège et la Pologne, qui attendaient ce feu vert de Berlin, ont dans la foulée renouvelé leur intention d'envoyer des blindés à Kiev. L'Espagne s'est également dite "disposée" à envoyer des chars lourds Leopard 2 à l'Ukraine et à former les soldats ukrainiens à leur utilisation, par la voix de la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles.
Enfin, le président américain, Joe Biden, a déclaré que les Etats-Unis allaient envoyer 31 chars Abrams à l'Ukraine.
Les annonces de livraisons de chars lourds occidentaux à Kiev sont "une étape importante pour la victoire finale", a salué le président ukrainien. "Aujourd'hui, le monde libre est uni comme jamais auparavant avec un objectif commun : la libération de l'Ukraine", a ajouté Volodymyr Zelensky.
Zelensky demande des missiles de longue portée et des avions de combat
"Nous devons également permettre la livraison de missiles à longue portée à l'Ukraine, c'est important. Nous devons également élargir notre coopération dans l'artillerie et [rendre possible] l'envoi d'avions de combat", a ajouté le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans son allocution quotidienne publiée sur les réseaux sociaux, donnée après l'annonce des livraisons de chars à venir, de la part des alliés occidentaux. "La clé est maintenant la vitesse et le volume. La vitesse d'entraînement de nos militaires, la vitesse des livraisons des tanks (...) et le volume du soutien", a-t-il martelé.
La prudence de Berlin et Washington
La livraison de chars à l'Ukraine n'est pas une "menace offensive contre la Russie", a affirmé le président américain Joe Biden après l'annonce du feu vert de Washington et de Berlin à l'envoi de ces véhicules à Kiev, pour combattre l'invasion de Moscou. Ces livraisons et l'aide militaire s'inscrivent dans le cadre "de l'engagement de pays à travers le monde, menés par les Etats-Unis, à aider l'Ukraine à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale (...). Il ne s'agit pas d'une menace offensive contre la Russie", a-t-il déclaré lors d'une brève allocution.
"Nous faisons ce qui est nécessaire et possible pour soutenir l'Ukraine, mais nous empêchons en même temps une escalade de la guerre, vers une guerre entre la Russie et l'Otan", a pour sa part déclaré le chancelier allemand, Olaf Scolz, lors d'une intervention devant le Bundestag, la chambre basse du parlement, plutôt dans la journée. Il avait en outre rappelé qu'il n'était pas question pour l'Otan d'intervenir dans les airs et au sol en Ukraine.
Ces déclarations n'ont pas suffi à apaiser la colère du camps russe. "C'est une décision extrêmement dangereuse qui va amener le conflit vers un nouveau niveau de confrontation", avait prévenu l'ambassadeur de Russie à Berlin Sergueï Netchaev. "Cela nous persuade une fois encore que l'Allemagne, à l'instar de ses alliés les plus proches, ne veut pas d'une solution diplomatique à la crise ukrainienne et qu'elle veut une escalade permanente", avait-il encore dit. "Si les Etats-Unis décident de livrer des chars, il sera impossible de justifier un tel acte par des arguments liés aux 'armes défensives'. Il s'agirait d'une nouvelle provocation flagrante à l'encontre de la Fédération de Russie", avait quant à lui averti son homologue à Washington, Anatoly Antonov.
La Russie "intensifie" ses combats dans l'Est
"Les combats s'intensifient." Dans un message posté sur l'application Telegram, la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, a fait un point sur la situation sur le front, dans la région de Donetsk, dans l'est du pays. La Russie est "en supériorité numérique", a-t-elle déclaré, citant les combats en cours dans la zone autour de Bakhmout, que les troupes de Moscou tentent de conquérir depuis plusieurs mois, mais aussi celle autour de Vougledar, une localité au sud-ouest de Donetsk.
C'est la première fois que cette ville, d'environ 15 000 habitants avant la guerre, est explicitement mentionnée parmi les zones de combat "intenses". "Contre leur supériorité numérique et en armes, notre avantage de notre côté réside dans le professionnalisme du commandement militaire et le courage des soldats", a-t-elle ajouté.
L'armée ukrainienne reconnaît avoir cédé aux troupes russes la ville de Soledar
"Après des mois de combats difficiles", les forces armées ukrainiennes ont quitté cette ville de l'est de l'Ukraine pour "se replier sur des positions préparées", a déclaré à l'AFP le porte-parole militaire de la zone Est. Serguiï Tcherevaty refuse cependant de préciser quand cette retraite a eu lieu.
Le groupe paramilitaire russe Wagner avait annoncé avoir pris Soledar dès le 11 janvier, suivi par l'armée russe le 13. Cette petite ville de la région de Donetsk de 11 000 habitants avant la guerre, connue pour ses mines de sel, est située à proximité de Bakhmout, autre point chaud de l'est ukrainien.
Le groupe paramilitaire russe Wagner avait annoncé avoir pris Soledar dès le 11 janvier, suivi par l'armée russe le 13. Cette petite ville de la région de Donetsk de 11.000 habitants avant la guerre, connue pour ses mines de sel, est située à proximité de Bakhmout, autre point chaud de l'est ukrainien. Les Ukrainiens avaient jusqu'à présent refusé de reconnaître la perte de la ville.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.